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ACTION DÉFINIE

CHAPITRE XXIII.

ACTION DIRECTE ET DÉFINIE DES CONDITIONS EXTÉRIEURES.


Modifications légères dans la couleur, la taille, les propriétés chimiques et l’état des tissus, déterminées chez les plantes par l’action définie d’un changement dans les conditions extérieures. — Maladies locales. — Modifications apparentes causées par le climat, la nourriture, etc. — Action d’une nourriture particulière, et de l’inoculation de poisons sur le plumage des oiseaux. — Coquilles terrestres. — Modifications déterminées par l’action définie des conditions extérieures chez les êtres à l’état naturel. — Comparaison des arbres européens et américains. — Galles. — Effets des champignons parasites. — Considérations contraires à l’admission de l’influence puissante du changement des conditions extérieures. — Séries parallèles de variétés. — L’étendue des variations ne correspondant pas au degré de changement dans les conditions. — Variation par bourgeons. — Production des monstruosités par moyens artificiels. — Résumé.


Si nous nous demandons pourquoi tel ou tel caractère a été modifié par la domestication, nous sommes dans la plupart des cas très-embarrassés pour le dire. Plusieurs naturalistes, surtout ceux de l’école française, attribuent toutes les modifications au monde ambiant, c’est-à-dire aux changements de climat, avec toutes ses variations de chaleur et de froid, d’humidité et de sécheresse, de lumière et d’électricité : à la nature du sol, et aux diverses qualités et quantités de nourriture. J’entends par l’expression d’action définie dont nous nous servirons dans ce chapitre, une action de nature telle que, lorsqu’un grand nombre d’individus d’une même variété se seront trouvés soumis pendant plusieurs générations à un changement quelconque dans les conditions physiques de leur existence, tous ou presque tous, seront modifiés de la même manière. Une nouvelle variété pourrait donc ainsi être produite sans l’aide d’aucune sélection.

Je ne comprends pas sous ce terme d’action définie, les effets de l’habitude ou ceux de l’usage ou du défaut d’usage des divers organes. Des modifications de ce genre sont bien sans doute déterminées par les conditions auxquelles les êtres