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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/352

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VARIABILITÉ CORRÉLATIVE.

la patte ; nous pouvons ainsi, par le principe de la variation corrélative des parties homologues, comprendre la singulière connexion qui se manifeste entre les pattes emplumées et la membrane qui réunit les deux doigts externes.

A. Knight[1] a remarqué que la tête et les membres varient ensemble dans leurs proportions générales ; comparons, par exemple, ces parties dans le cheval de course et celui de gros trait, ou dans le lévrier et le dogue ; une tête de dogue sur un corps de lévrier serait évidemment une monstruosité. Le boule-dogue moderne a, il est vrai, des membres fins, mais ce caractère est de sélection récente. Les mesures données dans le sixième chapitre nous ont montré clairement que dans toutes les races de pigeons, il y a corrélation entre la longueur du bec et la grosseur des pattes. L’opinion la plus probable semble donc être que le défaut d’usage tend, dans tous les cas, à déterminer une réduction dans les pattes, le bec devenant en même temps et par corrélation, plus court ; mais que, dans les quelques races chez lesquelles on a recherché un bec long, les pattes ont, malgré le défaut d’usage, augmenté de grosseur par corrélation.

En même temps que le bec s’est allongé dans les pigeons, la langue a augmenté ainsi que les orifices des narines. Mais l’agrandissement de ces derniers est peut-être en corrélation plus probable avec le développement de la peau caronculeuse de la base du bec, car lorsqu’il en existe beaucoup autour des yeux, les paupières s’accroissent jusqu’à doubler de longueur.

Il paraît y avoir quelque corrélation quant à la couleur entre la tête et les extrémités. C’est ainsi que dans les chevaux, les balzanes accompagnent généralement l’étoile blanche frontale[2]. Chez les lapins blancs et le bétail, il y a souvent à la fois des marques foncées sur les oreilles et les pieds. Dans les chiens noir et feu de diverses races, des taches de feu au-dessus des yeux accompagnent presque toujours des pattes de la même couleur. Ces derniers cas de colorations connexes peuvent être dus soit au retour soit à la variation analogique, — points sur lesquels nous aurons à revenir, — mais ils ne jettent aucun jour sur la question de leur corrélation primi-

  1. A. Walker, On intermarriage, 1838, p. 160.
  2. The Farrier and Naturalist, vol. I, 1828, p. 456.