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RETOUR.

que les membres de l’ancêtre sauvage de l’âne sont rayés, nous pouvons être certains que l’apparition de pareilles raies sur l’âne domestique n’est qu’un cas de simple retour. Mais comme j’aurai à revenir encore sur les cas de ce genre, je les laisserai de côté pour le moment.

Les espèces primitives dont descendent notre bétail et nos moutons domestiques, possédaient certainement des cornes, et cependant il existe actuellement plusieurs races très-fixes sans cornes. Mais dans ces races, — les moutons southdowns par exemple, — il n’est pas très-rare de trouver, parmi les agneaux mâles, quelques individus portant de petites cornes. Ces appendices, qui reparaissent aussi quelquefois dans d’autres races sans cornes, tantôt se développent complètement, tantôt sont singulièrement attachés à la peau seulement, à laquelle ils sont lâchement suspendus ; ils sont parfois caducs[1]. Les races de bétail de Galloway et de Suffolk sont dépourvues de cornes depuis cent cinquante ans environ, et cependant on voit, de temps à autre, naître un veau à cornes, celles-ci étant quelquefois lâchement attachées[2].

Il y a lieu de croire que les moutons étaient, dans la première période de leur domestication, bruns ou noirs, bien que du temps de David, il soit déjà question de troupeaux blancs comme neige. Pendant l’époque classique, les moutons d’Espagne ont été décrits comme noirs, rouges ou fauves[3]. Actuellement, malgré tous les soins qu’on prend pour l’éviter, dans nos races les plus estimées et les plus améliorées, telles que les Southdowns, il naît parfois des agneaux partiellement ou même entièrement noirs. Depuis le célèbre Bakewell, et pendant le siècle dernier, on a, avec les plus grands soins, surveillé la reproduction des moutons Leicester, et cependant on voit encore occasionnellement reparaître chez eux des agneaux à face grise, tachetés de noir, ou tout à fait noirs[4] ; le cas se présente encore plus fréquemment dans les races moins améliorées, comme les Norfolk[5]. Comme exemple de la tendance

  1. Youatt, On Sheep, p. 20, 234. — On a aussi observé en Allemagne l’apparition de cornes libres dans les races sans cornes. Bechstein, Naturg. Deutschland’s, vol. I, p. 362.
  2. Youatt, On Cattle, p. 155. 174.
  3. Id. On Sheep, 1838, p. 17, 145.
  4. Je tiens ce fait du Rév. W. D. Fox, sur l’autorité de M. Wilmot. Voir un article du Quarterly Review, 1849, p. 395.
  5. Youatt, O. C., p. 19, 234.