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LOIS DE LA VARIATION.

Nous remarquons dans certains cas une corrélation réelle, sans que nous puissions même faire aucune conjecture sur la nature de la connexion ; c’est le cas pour diverses maladies et monstruosités. Il en est de même pour la corrélation qui paraît exister entre la coloration du pigeon adulte, et la présence de duvet chez le jeune oiseau. Nous avons cité de nombreux exemples de particularités constitutionnelles dont la corrélation avec la couleur est manifestée par l’immunité dont jouissent des individus d’une certaine nuance, contre l’atteinte de parasites, ou l’action de poisons végétaux.

La corrélation est un fait important ; car chez les espèces, et à un moindre degré chez les races domestiques, nous voyons constamment que tandis que certaines parties ont été fortement modifiées dans un but utile, il s’en trouve invariablement aussi d’autres qui ont été également modifiées, sans que nous puissions reconnaître aucun avantage aux changements qu’elles ont éprouvés. Il faut sans doute n’arriver qu’avec la plus grande circonspection à de pareilles conclusions, car nous sommes fort ignorants en ce qui concerne l’utilité des diverses parties de l’organisation ; mais d’après ce que nous avons vu jusqu’à présent, nous pouvons croire que bien des modifications ne sont d’aucune utilité directe, n’ayant été que le résultat d’une corrélation avec d’autres changements utiles et avantageux.

Pendant leur premier développement, les parties homologues manifestent une certaine affinité mutuelle, c’est-à-dire qu’elles tendent à se souder et à se fusionner ensemble plus volontiers que les autres. Cette tendance à une fusion explique une foule de conformations normales. Les organes multiples et homologues sont tout particulièrement susceptibles de varier par le nombre, et probablement par la forme. L’approvisionnement de matière organisée n’étant pas illimité, le principe de la compensation intervient quelquefois, de façon que lorsqu’une partie tend à se développer, des parties ou fonctions adjacentes peuvent subir une réduction, mais la compensation est probablement moins importante que le principe plus général de l’économie de croissance. Les parties dures peuvent par simple pression mécanique affecter occasionnellement des parties molles adjacentes. Chez les plantes, la position des fleurs