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DE LA PANGENÈSE.

genèse, la variabilité dépend d’au moins deux groupes de causes distinctes. Premièrement, du défaut, de la surabondance, de la fusion et de la transposition des gemmules, et du redéveloppement de celles qui ont pu longtemps demeurer à un état dormant. Dans ces cas, les gemmules elles-mêmes n’ont subi aucune modification, mais les changements sur les points précités peuvent amplement justifier une variabilité flottante assez considérable. Secondement, pour les cas dans lesquels l’organisation a pu être modifiée par un changement dans les conditions d’existence, l’augmentation ou la diminution dans l’usage des parties, ou toute autre cause, les gemmules émises par les unités modifiées du corps entier, seront elles-mêmes modifiées, et se développeront en conformations nouvelles et différentes, lorsqu’elles auront été suffisamment multipliées.

Passons à l’hérédité : si nous supposons qu’un protozoaire homogène et gélatineux varie et prenne une couleur rougeâtre, un de ses atomes détachés conserverait naturellement la même couleur, une fois complétement développé, et nous aurions là la forme la plus simple de l’hérédité[1]. On peut en dire de même des unités infiniment nombreuses et diversifiées constituant le corps entier d’un animal supérieur, atomes séparés qui sont précisément nos gemmules. Nous avons déjà suffisamment discuté l’hérédité des effets directs causés par le changement dans les conditions d’existence, par l’augmentation ou la diminution de l’usage, ainsi que le fait important de la transmission héréditaire aux âges correspondants. Ces divers groupes de faits qui, dans l’hypothèse de la pangenèse, deviennent intelligibles, ne le sont dans aucune des hypothèses qui ont jusqu’à présent été proposées.

Ajoutons quelques mots sur l’atrophie ou la suppression complète des organes. Lorsqu’à la suite d’un défaut d’usage prolongé pendant un grand nombre de générations, une partie se réduit dans ses dimensions, elle tend, comme nous l’avons déjà expliqué, à se réduire toujours davantage, en

  1. C’est l’opinion émise par le prof. Häckel, dans Generelle Morphologie, t. II, p. 171, où il dit : « C’est seulement l’identité partielle des matériaux spécifiques constituants de l’organisme du parent et de l’enfant, la division de cette substance lors de la reproduction, qui est la cause de l’hérédité.