Aller au contenu

Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/463

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
456
REMARQUES FINALES.

parentes, quand nous les connaissons, ou consulter sur leurs états antérieurs les anciens documents historiques. Presque tous nos animaux domestiques ont donné naissance à des races nombreuses et distinctes, à l’exception de ceux qu’on ne peut pas facilement soumettre à la sélection, — comme le chat, la cochenille et l’abeille, — et de ceux qui ont peu de valeur. D’après ce que nous connaissons de la marche de la sélection, la formation de nos races a été lente et graduelle. L’homme qui a le premier remarqué et conservé un pigeon ayant l’œsophage un peu élargi, le bec un peu plus long, ou la queue un peu plus étalée que d’habitude, n’a jamais pensé qu’il eût fait le premier pas vers la création du grosse-gorge, du messager et du pigeon-paon. L’homme peut non-seulement créer des races anormales, mais aussi des races dont la conformation entière est admirablement adaptée et coordonnée pour certains buts, comme celles des chevaux de course ou de trait, et les lévriers. Il n’est point nécessaire que toutes les petites modifications de conformation conduisant au type de perfection cherché, apparaissent à la fois dans toutes les parties du corps et soient simultanément choisies par sélection. Bien que l’homme ne s’attache que rarement à des différences dans les organes essentiels au point de vue physiologique, il a cependant si profondément modifié certaines races, que, trouvées à l’état sauvage, on les rangerait sans aucun doute dans des genres différents.

La meilleure preuve des effets de la sélection est fournie par le fait que les parties ou les qualités qui diffèrent le plus entre les diverses races animales ou végétales sont précisément celles que l’homme recherche le plus. Ce résultat est évident si on compare les différences que présentent les fruits produits par les variétés d’un même arbre fruitier, les fleurs des variétés de plantes de jardin ; les graines, racines ou feuilles de nos plantes agricoles et culinaires, à celles qui existent entre les autres parties moins estimées des mêmes plantes. Une démonstration d’un autre genre non moins frappante résulte du fait constaté par Oswald Heer[1], que les graines d’un grand nombre de végétaux, — froment, orge, avoine, pois,

  1. Die Pflanzen der Pfahlbauten, 1865.