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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/67

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HÉRÉDITÉ.

soit à des arrêts de développement, soit à la persistance d’un état embryonnaire. Si, dans le jeune âge, tous les chevaux et tous les ânes avaient les jambes rayées, les marques analogues qui apparaissent parfois sur ces animaux adultes, devraient être considérées comme dues à la conservation anormale d’un caractère antérieur, et non au retour. Or, les raies aux jambes chez le genre cheval, et quelques autres caractères qu’on observe dans des cas analogues, peuvent se montrer dans le premier âge de la vie, et disparaître ensuite ; ce qui établit ainsi une liaison étroite entre la persistance des caractères de la jeunesse et le retour.

Mais il y a beaucoup de monstruosités qui ne peuvent guère être considérées comme étant le résultat d’un arrêt de développement ; car on voit parfois apparaître des parties, dont l’embryon n’offre pas la moindre trace, mais qui existent chez d’autres membres de la même classe d’animaux et de plantes, et qu’on doit probablement attribuer véritablement à un effet de retour. Par exemple, les cas de mamelles surnuméraires, aptes à secréter du lait, ne sont pas rares chez les femmes ; et on en a observé jusqu’à cinq. Lorsqu’il s’en développe quatre, elles sont ordinairement distribuées symétriquement des deux côtés de la poitrine, et on connaît un cas d’une femme, (fille d’une autre ayant déjà présenté des mamelles surnuméraires), dans laquelle une glande mammaire sécrétant du lait s’était développée dans la région inguinale. Ce dernier cas est extrêmement remarquable, si nous songeons que chez beaucoup d’animaux, les mamelles sont réparties tant sur la région pectorale que sur l’inguinale, et doit nous porter à regarder comme un cas de retour, l’apparition chez la femme de mamelles supplémentaires. Les faits que, dans le dernier chapitre, nous avons donnés, sur la tendance qu’ont les doigts surnuméraires, à repousser après leur amputation, semble indiquer une analogie avec les doigts des animaux vertébrés inférieurs, et pourrait faire soupçonner que leur apparition doit se rattacher, en quelque façon, à des phénomènes de retour. J’aurai à revenir, dans le chapitre sur la pangenèse, à la multiplication anormale, ainsi qu’à la transposition occasionnelle de certains organes. Le développement que prennent parfois, chez l’homme, les vertèbres coccygiennes, pour former une