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HÉRÉDITÉ.

d’une génération, a largement prévalu dans les plantes du dernier semis. Nous examinerons dans le chapitre sur la pangenèse, comment un caractère peut se renforcer par l’interposition d’une génération.

En somme, la question de la prépondérance est très-complexe, — par ses variations de puissance pour un même caractère dans des animaux différents ; — par les différences qu’elle présente suivant les sexes, tantôt se manifestant également dans les deux, tantôt, ce qui arrive le plus souvent chez les animaux, mais non chez les plantes, beaucoup plus fortement dans un sexe que dans l’autre ; — par l’existence de caractères sexuels secondaires ; — par la limitation par le sexe de la transmission de certains caractères, point que nous allons développer ; — par le défaut de fusion de quelques caractères ; — et peut-être encore par suite des effets d’une fécondation antérieure de la mère. Il n’est donc pas étonnant qu’on n’ait point encore jusqu’à présent pu arriver à formuler des règles générales sur la question de la prépondérance.

LIMITATION DE L’HÉRÉDITÉ PAR LE SEXE.

Il apparaît souvent chez un sexe des caractères nouveaux, qui se transmettent ensuite au même sexe, soit exclusivement, soit à un degré plus prononcé qu’à l’autre. Ce sujet n’est pas sans importance, car, chez beaucoup d’animaux à l’état de nature, il existe des caractères sexuels secondaires très-apparents, n’ayant aucune connexion directe avec les organes de la reproduction. Ces caractères secondaires peuvent aussi, chez nos animaux domestiques, se trouver fort différents de ce qu’ils sont dans l’espèce parente ; et la limitation de l’hérédité par le sexe peut montrer comment de tels caractères ont pu être primitivement acquis et ultérieurement modifiés.


Le Dr Lucas, qui a réuni beaucoup de faits sur ce sujet[1], montre que lorsqu’une particularité, n’ayant d’ailleurs aucune connexion avec les organes reproducteurs, apparaît dans un ascendant, elle est souvent transmise exclusivement aux produits du même sexe, ou à un plus grand nombre d’entre eux qu’à ceux du sexe opposé. Ainsi, dans la famille Lambert, les saillies

  1. L’Héréd. Nat., t. II, p. 137–165. — Voir aussi les travaux de M. Sedgwick, cités dans la note suivante.