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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/96

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RÉSUMÉ.

quelquefois de ce qu’un même caractère, présent et visible chez l’un des ascendants, n’est que latent, ou potentiellement présent dans l’autre.

Des caractères peuvent surgir dans l’un ou l’autre sexe, mais plus souvent chez le mâle, et être ensuite transmis aux descendants du même sexe. Nous pouvons dans ce cas admettre avec assez de probabilité que la particularité en question existe, quoiqu’à l’état latent, dans le sexe opposé, d’où le père peut transmettre par sa fille un caractère quelconque à son petit-fils, et, inversement, la mère à sa petite-fille. Ceci nous montre le fait important que la transmission et le développement sont deux choses distinctes. Ces deux pouvoirs semblent parfois être en lutte, ou incapables de se combiner sur un même individu, car on a signalé plusieurs cas où le fils n’ayant pas hérité directement de son père d’une particularité, ne l’a pas non plus immédiatement transmise à son propre fils, mais l’a transmise par sa fille non affectée, comme il l’avait reçue par transmission de sa mère également non affectée. L’hérédité étant limitée par le sexe, nous pouvons saisir comment les caractères sexuels secondaires ont pu apparaître dans la nature ; leur conservation et leur accumulation devant dépendre de l’utilité qu’ils pouvaient avoir pour chaque sexe.

À quelque époque de la vie qu’apparaisse un caractère nouveau, il demeure généralement à l’état latent dans les descendants, jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge correspondant, et alors il se développe ; si cette règle est en défaut, c’est que le caractère se manifeste chez l’enfant plus tôt qu’il ne l’avait fait chez le parent. Ce principe de l’hérédité aux époques correspondantes nous fait comprendre pourquoi la plupart des animaux déroulent, depuis le germe jusqu’à l’état adulte, une si remarquable succession de caractères.

Pour terminer, et quoiqu’il reste encore bien des points obscurs dans le vaste domaine de l’hérédité, nous pouvons considérer comme assez bien établies les lois suivantes : 1o tous les caractères, anciens ou nouveaux, offrent une tendance à être transmis par génération séminale ou par bourgeons, quoique souvent contrariés par diverses causes connues et inconnues ; 2o le retour ou atavisme, qui dépend de ce que la puis-