CHAPITRE XV.
DU CROISEMENT.
En discutant dans les deux précédents chapitres le retour et la prépondérance, j’ai dû nécessairement signaler plusieurs faits relatifs au croisement. Je vais maintenant examiner le rôle que joue le croisement dans deux directions opposées : — premièrement, en effaçant des caractères, et empêchant par conséquent ainsi la formation de races nouvelles ; et, secondement, en modifiant d’anciennes races, ou en contribuant à en former de nouvelles intermédiaires, par une combinaison de caractères. Je montrerai aussi que certains caractères ne sont pas susceptibles de fusion intime.
Les effets du libre croisement entre les membres d’une même variété ou de variétés voisines, quoique fort importants, sont trop évidents pour que nous ayons à les discuter longuement. C’est le libre croisement qui contribue le plus, tant à l’état de nature qu’à l’état de domestication, à maintenir l’uniformité dans les individus d’une même espèce ou variété, aussi longtemps qu’ils vivent mêlés ensemble, sans être exposés à aucune cause déterminant une variabilité excessive. L’empêchement au libre croisement, et un appariage judicieux des individus, sont les pierres angulaires de l’art de l’éleveur. Personne de sensé ne songera à améliorer ou à modifier une race dans un sens donné, ou à maintenir une race existante con-