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donc ainsi été faite aux genres qui habitent aujourd’hui ce pays.

Si nous considérons la nature des plantes ou des animaux qui, dans un pays quelconque, ont lutté avec avantage avec les habitants indigènes et se sont ainsi acclimatés, nous pouvons nous faire quelque idée de la façon dont les habitants indigènes devraient se modifier pour l’emporter sur leurs compatriotes. Nous pouvons, tout au moins, en conclure que la diversité de structure, arrivée au point de constituer de nouvelles différences génériques, leur serait d’un grand profit.

Les avantages de la diversité de structure chez les habitants d’une même région sont analogues, en un mot, à ceux que présente la division physiologique du travail dans les organes d’un même individu, sujet si admirablement élucidé par Milne-Edwards. Aucun physiologiste ne met en doute qu’un estomac fait pour digérer des matières végétales seules, ou des matières animales seules, tire de ces substances la plus grande somme de nourriture. De même, dans l’économie générale d’un pays quelconque, plus les animaux et les plantes offrent de diversités tranchées les appropriant à différents modes d’existence, plus le nombre des individus capables d’habiter ce pays est considérable. Un groupe d’animaux dont l’organisme présente peu de différences peut difficilement lutter avec un groupe dont les différences sont plus accusées. On pourrait douter, par exemple, que les marsupiaux australiens, divisés en groupes différant très peu les uns des autres, et qui représentent faiblement, comme M. Waterhouse et quelques autres l’ont fait remarquer, nos carnivores, nos ruminants et nos rongeurs, puissent lutter avec succès contre ces ordres si bien développés. Chez les mammifères australiens nous pouvons donc observer la diversification des espèces à un état incomplet de développement.

EFFETS PROBABLES DE L’ACTION DE LA SÉLECTION NATURELLE, PAR SUITE DE LA DIVERGENCE DES CARACTÈRES ET DE L’EXTINCTION, SUR LES DESCENDANTS D’UN ANCÊTRE COMMUN.

Après la discussion qui précède, quelque résumée qu’elle soit, nous pouvons conclure que les descendants modifiés d’une es-