Page:Darwin - L’Origine des espèces (1906).djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
152 Lois de la variation.  

mus) offre, comme l’a fait remarquer M. Murray, cette particularité remarquable, qu’on ne le trouve que dans les cavernes ; en outre, ceux qui habitent les différentes cavernes de l’Europe et de l’Amérique appartiennent à des espèces distinctes ; mais il est possible que les ancêtres de ces différentes espèces, alors qu’ils étaient doués de la vue, aient pu habiter les deux continents, puis s’éteindre, à l’exception de ceux qui habitent les endroits retirés qu’ils occupent actuellement. Loin d’être surpris que quelques-uns des habitants des cavernes, comme l’Amblyopsis, poisson aveugle signalé par Agassiz, et le Protée, également aveugle, présentent de grandes anomalies dans leurs rapports avec les reptiles européens, je suis plutôt étonné que nous ne retrouvions pas dans les cavernes un plus grand nombre de représentants d’animaux éteints, en raison du peu de concurrence à laquelle les habitants de ces sombres demeures ont été exposés.

ACCLIMATATION.

Les habitudes sont héréditaires chez les plantes ; ainsi, par exemple, l’époque de la floraison, les heures consacrées au sommeil, la quantité de pluie nécessaire pour assurer la germination des graines, etc., et ceci me conduit à dire quelques mots sur l’acclimatation. Comme rien n’est plus ordinaire que de trouver des espèces d’un même genre dans des pays chauds et dans des pays froids, il faut que l’acclimatation ait, dans la longue série des générations, joué un rôle considérable, s’il est vrai que toutes les espèces du même genre descendent d’une même souche. Chaque espèce, cela est évident, est adaptée au climat du pays qu’elle habite ; les espèces habitant une région arctique, ou même une région tempérée, ne peuvent supporter le climat des tropiques, et vice versa. En outre, beaucoup de plantes grasses ne peuvent supporter les climats humides. Mais on a souvent exagéré le degré d’adaptation des espèces aux climats sous lesquels elles vivent. C’est ce que nous pouvons conclure du fait que, la plupart du temps, il nous est impossible de prédire si une plante importée pourra supporter notre climat, et de cet autre fait, qu’un grand nombre de plantes et d’animaux, provenant des pays les plus divers, vivent chez nous en excellente santé. Nous avons raison de