Instincts spéciaux. | 285 |
certains autres, tant par l’habitude que par la sélection et l’accumulation qu’a faite l’homme pendant des générations successives, de diverses dispositions spéciales et mentales qui ont apparu d’abord sous l’influence de causes que, dans notre ignorance, nous appelons accidentelles. Dans quelques cas, des habitudes forcées ont seules suffi pour provoquer des modifications mentales devenues héréditaires ; dans d’autres, ces habitudes ne sont entrées pour rien dans le résultat, dû alors aux effets de la sélection, tant méthodique qu’inconsciente ; mais il est probable que, dans la plupart des cas, les deux causes ont dû agir simultanément.
INSTINCTS SPÉCIAUX.
C’est en étudiant quelques cas particuliers que nous arriverons à comprendre comment, à l’état de nature, la sélection a pu modifier les instincts. Je n’en signalerai ici que trois : l’instinct qui pousse le coucou à pondre ses œufs dans les nids d’autres oiseaux, l’instinct qui pousse certaines fourmis à se procurer des esclaves, et la faculté qu’a l’abeille de construire ses cellules. Tous les naturalistes s’accordent avec raison pour regarder ces deux derniers instincts comme les plus merveilleux que l’on connaisse.
Instinct du coucou — Quelques naturalistes supposent que la cause immédiate de l’instinct du coucou est que la femelle ne pond ses œufs qu’à des intervalles de deux ou trois jours ; de sorte que, si elle devait construire son nid et couver elle-même, ses premiers œufs resteraient quelque temps abandonnés, ou bien il y aurait dans le nid des œufs et des oiseaux de différents âges. Dans ce cas, la durée de la ponte et de l’éclosion serait trop longue, l’oiseau émigrant de bonne heure, et le mâle seul aurait probablement à pourvoir aux besoins des premiers oiseaux éclos. Mais le coucou américain se trouve dans ces conditions, car cet oiseau fait lui-même son nid, et on y rencontre en même temps des petits oiseaux et des œufs qui ne sont pas éclos. On a tour à tour affirmé et nié le fait que le coucou américain dépose occasionnellement ses œufs dans les nids d’autres oiseaux ; mais je tiens du docteur Merrell, de l’Iowa, qu’il a une fois