Page:Darwin - L’Origine des espèces (1906).djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296 Instinct.  

puissent tracer les angles et les plans nécessaires et se rendre compte de l’exactitude de leur travail. La difficulté n’est cependant pas aussi énorme qu’elle peut le paraître au premier abord, et l’on peut, je crois, démontrer que ce magnifique ouvrage est le simple résultat d’un petit nombre d’instincts très simples.

C’est à M. Waterhouse que je dois d’avoir étudié ce sujet ; il a démontré que la forme de la cellule est intimement liée à la présence des cellules contiguës ; on peut, je crois, considérer les idées qui suivent comme une simple modification de sa théorie. Examinons le grand principe des transitions graduelles, et voyons si la nature ne nous révèle pas le procédé qu’elle emploie. À l’extrémité d’une série peu étendue, nous trouvons les bourdons, qui se servent de leurs vieux cocons pour y déposer leur miel, en y ajoutant parfois des tubes courts en cire, substance avec laquelle ils façonnent également quelquefois des cellules séparées, très irrégulièrement arrondies. À l’autre extrémité de la série, nous avons les cellules de l’abeille, construites sur deux rangs ; chacune de ces cellules, comme on sait, a la forme d’un prisme hexagonal avec les bases de ses six côtés taillés en biseau de manière à s’ajuster sur une pyramide renversée formée par trois rhombes. Ces rhombes présentent certains angles déterminés et trois des faces, qui forment la base pyramidale de chaque cellule située sur un des côtés du rayon de miel, font également partie des bases de trois cellules contiguës appartenant au côté opposé du rayon. Entre les cellules si parfaites de l’abeille, et la cellule éminemment simple du bourdon, on trouve, comme degré intermédiaire, les cellules de la Melipona domestica du Mexique, qui ont été soigneusement figurées et décrites par Pierre Huber. La mélipone forme elle-même un degré intermédiaire entre l’abeille et le bourdon, mais elle est plus rapprochée de ce dernier. Elle construit un rayon de cire presque régulier, composé de cellules cylindriques, dans lesquelles se fait l’incubation des petits, et elle y joint quelques grandes cellules de cire, destinées à recevoir du miel. Ces dernières sont presque sphériques, de grandeur à peu près égale et agrégées en une masse irrégulière. Mais le point essentiel à noter est que ces cellules sont toujours placées à une distance telle les unes des autres, qu’elles se seraient entrecoupées mutuellement, si les sphères qu’elles constituent