316 | Hybridité. |
constater, paraissent parfaitement conformés. Dans le premier cas, les deux éléments sexuels qui concourent à former l’embryon sont complets ; dans le second, ils sont ou complètement rudimentaires ou plus ou moins atrophiés. Cette distinction est importante, lorsqu’on en vient à considérer la cause de la stérilité, qui est commune aux deux cas ; on l’a négligée probablement parce que, dans l’un et l’autre cas, on regardait la stérilité comme le résultat d’une loi absolue dont les causes échappaient à notre intelligence.
La fécondité des croisements entre variétés, c’est-à-dire entre des formes qu’on sait ou qu’on suppose descendues de parents communs, ainsi que la fécondité entre leurs métis, est, pour ma théorie, tout aussi importante que la stérilité des espèces ; car il semble résulter de ces deux ordres de phénomènes une distinction bien nette et bien tranchée entre les variétés et les espèces.
DEGRÉS DE STÉRILITÉ.
Examinons d’abord la stérilité des croisements entre espèces, et celle de leur descendance hybride. Deux observateurs consciencieux, Kölreuter et Gärtner, ont presque voué leur vie à l’étude de ce sujet, et il est impossible de lire les mémoires qu’ils ont consacrés à cette question sans acquérir la conviction profonde que les croisements entre espèces sont, jusqu’à un certain point, frappés de stérilité. Kölreuter considère cette loi comme universelle, mais cet auteur tranche le nœud de la question, car, par dix fois, il n’a pas hésité à considérer comme des variétés deux formes parfaitement fécondes entre elles et que la plupart des auteurs regardent comme des espèces distinctes. Gärtner admet aussi l’universalité de la loi, mais il conteste la fécondité complète dans les dix cas cités par Kölreuter. Mais, dans ces cas comme dans beaucoup d’autres, il est obligé de compter soigneusement les graines, pour démontrer qu’il y a bien diminution de fécondité. Il compare toujours le nombre maximum des graines produites par le premier croisement entre deux espèces, ainsi que le maximum produit par leur postérité hybride, avec le nombre moyen que donnent, à l’état de nature, les espèces parentes pures. Il introduit ainsi, ce me semble, une grave cause d’erreur ; car une