Lois régissant la stérilité. | 325 |
car cette fécondité n’est pas toujours égale chez tous les individus des mêmes espèces, croisés dans les mêmes conditions ; elle paraît dépendre en partie de la constitution des individus qui ont été choisis pour l’expérience. Il en est de même pour les hybrides, car la fécondité varie quelquefois beaucoup chez les divers individus provenant des graines contenues dans une même capsule, et exposées aux mêmes conditions.
On entend, par le terme d’affinité systématique, les ressemblances que les espèces ont les unes avec les autres sous le rapport de la structure et de la constitution. Or, cette affinité régit dans une grande mesure la fécondité des premiers croisements et celle des hybrides qui en proviennent. C’est ce que prouve clairement le fait qu’on n’a jamais pu obtenir des hybrides entre espèces classées dans des familles distinctes, tandis que, d’autre part, les espèces très voisines peuvent en général se croiser facilement. Toutefois, le rapport entre l’affinité systématique et la facilité de croisement n’est en aucune façon rigoureuse. On pourrait citer de nombreux exemples d’espèces très voisines qui refusent de se croiser, ou qui ne le font qu’avec une extrême difficulté, et des cas d’espèces très distinctes qui, au contraire, s’unissent avec une grande facilité. On peut, dans une même famille, rencontrer un genre, comme le Dianthus par exemple, chez lequel un grand nombre d’espèces s’entre-croisent facilement, et un autre genre, tel que le Silene, chez lequel, malgré les efforts les plus persévérants, on n’a pu réussir à obtenir le moindre hybride entre des espèces extrêmement voisines. Nous rencontrons ces mêmes différences dans les limites d’un même genre ; on a, par exemple, croisé les nombreuses espèces du genre Nicotiana beaucoup plus que les espèces d’aucun autre genre ; cependant Gärtner a constaté que la Nicotiana acuminata, qui, comme espèce, n’a rien d’extraordinairement particulier, n’a pu féconder huit autres espèces de Nicotiana, ni être fécondée par elles. Je pourrais citer beaucoup de faits analogues.
Personne n’a pu encore indiquer quelle est la nature ou le degré des différences appréciables qui suffisent pour empêcher le croisement de deux espèces. On peut démontrer que des plantes très différentes par leur aspect général et par leurs habitudes, et présentant des dissemblances très marquées dans toutes les