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334 Hybridité.  

Gallus et leurs hybrides, dont la plupart avaient été fécondés. Dans la grande majorité de ces œufs fécondés, les embryons s’étaient partiellement développés, puis avaient péri, ou bien ils étaient presque arrivés à la maturité, mais les jeunes poulets n’avaient pas pu briser la coquille de l’œuf. Quant aux poussins éclos, les cinq sixièmes périrent dès les premiers jours ou les premières semaines, sans cause apparente autre que l’incapacité de vivre ; de telle sorte que, sur les cinq cents œufs, douze poussins seulement survécurent. Il paraît probable que la mort précoce de l’embryon se produit aussi chez les plantes, car on sait que les hybrides provenant d’espèces très distinctes sont quelquefois faibles et rabougris, et périssent de bonne heure, fait dont Max Wichura a récemment signalé quelques cas frappants chez les saules hybrides. Il est bon de rappeler ici que, dans les cas de parthénogenèse, les embryons des œufs de vers à soie qui n’ont pas été fécondés périssent après avoir, comme les embryons résultant d’un croisement entre deux espèces distinctes, parcouru les premières phases de leur évolution. Tant que j’ignorais ces faits, je n’étais pas disposé à croire à la fréquence de la mort précoce des embryons hybrides ; car ceux-ci, une fois nés, font généralement preuve de vigueur et de longévité ; le mulet, par exemple. Mais les circonstances où se trouvent les hybrides, avant et après leur naissance, sont bien différentes ; ils sont généralement placés dans des conditions favorables d’existence, lorsqu’ils naissent et vivent dans le pays natal de leurs deux ascendants. Mais l’hybride ne participe qu’à une moitié de la nature et de la constitution de sa mère ; aussi, tant qu’il est nourri dans le sein de celle-ci, ou qu’il reste dans l’œuf et dans la graine, il se trouve dans des conditions qui, jusqu’à un certain point, peuvent ne pas lui être entièrement favorables, et qui peuvent déterminer sa mort dans les premiers temps de son développement, d’autant plus que les êtres très jeunes sont éminemment sensibles aux moindres conditions défavorables. Mais, après tout, il est plus probable qu’il faut chercher la cause de ces morts fréquentes dans quelque imperfection de l’acte primitif de la fécondation, qui affecte le développement normal et parfait de l’embryon, plutôt que dans les conditions auxquelles il peut se trouver exposé plus tard.

À l’égard de la stérilité des hybrides chez lesquels les éléments