Aller au contenu

Page:Darwin - L’Origine des espèces (1906).djvu/427

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
  Affinités des espèces. 409

les périodes géologiques connues, ont éprouvé beaucoup de modifications, se rapprochent un peu plus les uns des autres dans les formations plus anciennes, de manière que les membres de ces groupes appartenant aux époques plus reculées diffèrent moins par quelques-uns de leurs caractères que ne le font les membres actuels des mêmes groupes. C’est, du reste, ce que s’accordent à reconnaître nos meilleurs paléontologistes.

La théorie de la descendance avec modifications explique donc d’une manière satisfaisante les principaux faits qui se rattachent aux affinités mutuelles qu’on remarque tant entre les formes éteintes qu’entre celles-ci et les formes vivantes. Ces affinités me paraissent inexplicables si l’on se place à tout autre point de vue.

D’après la même théorie, il est évident que la faune de chacune des grandes périodes de l’histoire de la terre doit être intermédiaire, par ses caractères généraux, entre celle qui l’a précédée et celle qui l’a suivie. Ainsi, les espèces qui ont vécu pendant la sixième grande période indiquée sur le diagramme, sont les descendantes modifiées de celles qui vivaient pendant la cinquième, et les ancêtres des formes encore plus modifiées de la septième ; elles ne peuvent donc guère manquer d’être à peu près intermédiaires par leur caractère entre les formes de la formation inférieure et celles de la formation supérieure. Nous devons toutefois faire la part de l’extinction totale de quelques-unes des formes antérieures, de l’immigration dans une région quelconque de formes nouvelles venues d’autres régions, et d’une somme considérable de modifications qui ont dû s’opérer pendant les longs intervalles négatifs qui se sont écoulés entre le dépôt des diverses formations successives. Ces réserves faites, la faune de chaque période géologique est certainement intermédiaire par ses caractères entre la faune qui l’a précédée et celle qui l’a suivie. Je n’en citerai qu’un exemple : les fossiles du système dévonien, lors de leur découverte, furent d’emblée reconnus par les paléontologistes comme intermédiaires par leurs caractères entre ceux des terrains carbonifères qui les suivent et ceux du système silurien qui les précèdent. Mais chaque faune n’est pas nécessairement et exactement intermédiaire, à cause de l’inégalité de la durée des intervalles qui se sont écoulés entre le dépôt des formations consécutives.