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Page:Darwin - L’Origine des espèces (1906).djvu/435

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  Loi de la succession des types. 417

sen. Ces faits m’avaient vivement frappé que, dès 1839 et 1845, j’insistais vivement sur cette « loi de la succession des types » — et sur « ces remarquables rapports de parenté qui existent entre les formes éteintes et les formes vivantes d’un même continent. » Le professeur Owen a depuis étendu la même généralisation aux mammifères de l’ancien monde, et les restaurations des gigantesques oiseaux éteints de la Nouvelle-Zélande, faites par ce savant naturaliste, confirment également la même loi. Il en est de même des oiseaux trouvés dans les cavernes du Brésil. M. Woodward a démontré que cette même loi s’applique aux coquilles marines, mais elle est moins apparente, à cause de la vaste distribution de la plupart des mollusques. On pourrait encore ajouter d’autres exemples, tels que les rapports qui existent entre les coquilles terrestres éteintes et vivantes de l’île de Madère et entre les coquilles éteintes et vivantes des eaux saumâtres de la mer Aralo-Caspienne.

Or, que signifie cette loi remarquable de la succession des mêmes types dans les mêmes régions ? Après avoir comparé le climat actuel de l’Australie avec celui de certaines parties de l’Amérique méridionale situées sous la même latitude, il serait téméraire d’expliquer, d’une part, la dissemblance des habitants de ces deux continents par la différence des conditions physiques ; et d’autre part, d’expliquer par les ressemblances de ces conditions l’uniformité des types qui ont existé dans chacun de ces pays pendant les dernières périodes tertiaires. On ne saurait non plus prétendre que c’est en vertu d’une loi immuable que l’Australie a produit principalement ou exclusivement des marsupiaux, ou que l’Amérique du Sud a seule produit des édentés et quelques autres types qui lui sont propres. Nous savons, en effet, que l’Europe était anciennement peuplée de nombreux marsupiaux, et j’ai démontré, dans les travaux auxquels j’ai fait précédemment allusion, que la loi de la distribution des mammifères terrestres était autrefois différente en Amérique de ce qu’elle est aujourd’hui. L’Amérique du Nord présentait anciennement beaucoup des caractères actuels de la moitié méridionale de ce continent ; et celle-ci se rapprochait, beaucoup plus que maintenant, de la moitié septentrionale. Les découvertes de Falconer et de Cautley nous ont aussi appris que les mammifères de l’Inde septentrio-