434 | Distribution géographique. |
question avec quelques détails. Les changements de niveau du sol ont dû aussi jouer un rôle important ; un isthme étroit sépare aujourd’hui deux faunes marines ; que cet isthme soit submergé ou qu’il l’ait été autrefois, et les deux faunes se mélangeront ou se seront déjà mélangées. Là où il y a aujourd’hui une mer, des terres ont pu anciennement relier des îles ou même des continents, et ont permis aux productions terrestres de passer des uns aux autres. Aucun géologue ne conteste les grands changements de niveau qui se sont produits pendant la période actuelle, changements dont les organismes vivants ont été les contemporains. Edouard Forbes a insisté sur le fait que toutes les îles de l’Atlantique ont dû être, à une époque récente, reliées à l’Europe ou à l’Afrique, de même que l’Europe à l’Amérique. D’autres savants ont également jeté des ponts hypothétiques sur tous les océans, et relié presque toutes les îles à un continent. Si l’on pouvait accorder une foi entière aux arguments de Forbes, il faudrait admettre que toutes les îles ont été récemment rattachées à un continent. Cette hypothèse tranche le nœud gordien de la dispersion d’une même espèce sur les points les plus éloignés, et écarte bien des difficultés ; mais, autant que je puis en juger, je ne crois pas que nous soyons autorisés à admettre qu’il y ait eu des changements géographiques aussi énormes dans les limites de la période des espèces existantes. Il me semble que nous avons de nombreuses preuves de grandes oscillations du niveau des terres et des mers, mais non pas de changements assez considérables dans la position et l’extension de nos continents pour nous donner le droit d’admettre que, à une époque récente, ils aient tous été reliés les uns aux autres ainsi qu’aux diverses îles océaniques. J’admets volontiers l’existence antérieure de beaucoup d’îles, actuellement ensevelies sous la mer, qui ont pu servir de stations, de lieux de relâche, aux plantes et aux animaux pendant leurs migrations. Dans les mers où se produit le corail, ces îles submergées sont encore indiquées aujourd’hui par les anneaux de corail ou attolls qui les surmontent. Lorsqu’on admettra complètement, comme on le fera un jour, que chaque espèce est sortie d’un berceau unique, et qu’à la longue nous finirons par connaître quelque chose de plus précis sur les moyens de dispersion des êtres orga-