Développement et embryologie. | 521 |
lacet qu’affectent, chez les embryons des vertébrés, les artères des fentes branchiales, soit en rapport avec les conditions d’existence, puisque la même particularité se remarque à la fois chez le jeune mammifère nourri dans le sein maternel, chez l’œuf de l’oiseau couvé dans un nid, ou chez le frai d’une grenouille qui se développe sous l’eau. Nous n’avons pas plus de motifs pour admettre un pareil rapport, que nous n’en avons pour croire que les os analogues de la main de l’homme, de l’aile de la chauve-souris ou de la nageoire du marsouin, soient en rapport avec des conditions semblables d’existence. Personne ne suppose que la fourrure tigrée du lionceau ou les plumes tachetées du jeune merle aient pour eux aucune utilité.
Le cas est toutefois différent lorsque l’animal, devenant actif pendant une partie de sa vie embryonnaire, doit alors pourvoir lui-même à sa nourriture. La période d’activité peut survenir à un âge plus ou moins précoce ; mais, à quelque moment qu’elle se produise, l’adaptation de la larve à ses conditions d’existence est aussi parfaite et aussi admirable qu’elle l’est chez l’animal adulte. Les observations de sir J. Lubbock sur la ressemblance étroite qui existe entre certaines larves d’insectes appartenant à des ordres très différents, et inversement sur la dissemblance des larves d’autres insectes d’un même ordre, suivant leurs conditions d’existence et leurs habitudes, indiquent quel rôle important ont joué ces adaptations. Il résulte de ce genre d’adaptations, surtout lorsqu’elles impliquent une division de travail pendant les diverses phases du développement — quand la même larve doit, par exemple, pendant une phase de son développement, chercher sa nourriture, et, pendant une autre phase, chercher une place pour se fixer — que la ressemblance des larves d’animaux très voisins est fréquemment très obscurcie. On pourrait même citer des exemples de larves d’espèces alliées ou de groupes d’espèces qui diffèrent plus les unes des autres que ne le font les adultes. Dans la plupart des cas, cependant, les larves, bien qu’actives, subissent encore plus ou moins la loi commune des ressemblances embryonnaires. Les cirripèdes en offrent un excellent exemple ; l’illustre Cuvier lui-même ne s’est pas aperçu qu’une balane est un crustacé, bien qu’un seul coup d’œil jeté sur la larve suffise pour ne laisser aucun doute