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540 Affinités mutuelles des êtres organisés.  

existant entre les caractères d’adaptation ou analogues et d’affinités véritables ; j’ai essayé de démontrer, dis-je, que toutes ces règles, et encore d’autres semblables, sont la conséquence naturelle de l’hypothèse de la parenté commune des formes alliées et de leurs modifications par la sélection naturelle, jointe aux circonstances d’extinction et de divergence de caractères qu’elle détermine. En examinant ce principe de classification, il ne faut pas oublier que l’élément généalogique a été universellement admis et employé pour classer ensemble dans la même espèce les deux sexes, les divers âges, les formes dimorphes et les variétés reconnues, quelque différente que soit d’ailleurs leur conformation. Si l’on étend l’application de cet élément généalogique, seule cause connue des ressemblances que l’on constate entre les êtres organisés, on comprendra ce qu’il faut entendre par système naturel ; c’est tout simplement un essai de classement généalogique où les divers degrés de différences acquises s’expriment par les termes variétés, espèces, genres, familles, ordres et classes.

En partant de ce même principe de la descendance avec modifications, la plupart des grands faits de la morphologie deviennent intelligibles, soit que nous considérions le même plan présenté par les organes homologues des différentes espèces d’une même classe, quelles que soient, d’ailleurs, leurs fonctions ; soit que nous les considérions dans les organes homologues d’un même individu, animal ou végétal.

D’après ce principe, que les variations légères et successives ne surgissent pas nécessairement ou même généralement à une période très précoce de l’existence, et qu’elles deviennent héréditaires à l’âge correspondant, on peut expliquer les faits principaux de l’embryologie, c’est-à-dire la ressemblance étroite chez l’embryon des parties homologues, qui, développées ensuite, deviennent très différentes tant par la conformation que par la fonction, et la ressemblance chez les espèces alliées, quoique distinctes, des parties ou des organes homologues, bien qu’à l’état adulte ces parties ou ces organes doivent s’adapter à des fonctions aussi dissemblables que possible. Les larves sont des embryons actifs qui ont été plus ou moins modifiés suivant leur mode d’existence, et dont les modifications sont devenues héré-