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lisation la race caucasienne, et quelque espèce de singe inférieur, tel que le Babouin, au lieu que, actuellement, la lacune n’existe qu’entre le Nègre ou l’Australien et le Gorille.

Quant à l’absence de restes fossiles pouvant relier l’homme à ses ancêtres pseudo-simiens, il suffit, pour comprendre le peu de portée d’une semblable objection, de lire la discussion par laquelle sir C. Lyell[1] établit combien a été lente et fortuite la découverte des restes fossiles de toutes les classes de vertébrés. Il ne faut pas oublier non plus que les régions les plus propres à fournir des restes rattachant l’homme à quelque forme pseudo-simienne éteinte n’ont pas été fouillées jusqu’à présent par les géologues.


Phases inférieures de la généalogie de l’homme. — Nous avons vu que l’homme paraît ne s’être écarté du groupe catarrhinin ou des Simiadés du vieux monde, qu’après que ceux-ci s’étaient déjà écartés de ceux du nouveau continent. Nous allons essayer maintenant de remonter aussi loin que possible les traces de la généalogie de l’homme en nous basant, d’abord, sur les affinités réciproques existant entre les diverses classes et les différents ordres, et en nous aidant aussi quelque peu de l’époque relative de leur apparition successive sur la terre, en tant que cette époque a pu être déterminée. Les Lémuriens, voisins des Simiadés, leur sont inférieurs, et constituent une famille distincte des Primates, ou même un ordre distinct, suivant Häckel. Ce groupe, extraordinairement diversifié et interrompu, comprend beaucoup de formes aberrantes, par suite des nombreuses extinctions qu’il a probablement subies. La plupart des survivants se trouvent dans des îles, soit à Madagascar, soit dans l’archipel Malais, où ils n’ont pas été soumis à une concurrence aussi rude que celle qu’ils auraient rencontrée sur des continents mieux pourvus d’habitants. Ce groupe présente également plusieurs gradations qui, ainsi que le fait remarquer Huxley[2], « conduisent, par une pente insensible, du plus haut sommet de la création animale à des êtres qui semblent n’être qu’à un pas des mammifères placentaires les plus inférieurs, les plus petits et les moins intelligents. » Ces diverses considérations nous portent à penser que les Simiadés descendent des ancêtres des Lémuriens existants, et que ceux-ci descendent à leur tour de formes très inférieures de la série des mammifères.

Beaucoup de caractères importants placent les Marsupiaux au-

  1. Elements of Geology, 1865, pp. 583-585. Antiquity of Man, 1863, p. 145.
  2. Man’s Place in Nature, p. 105.