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produisait chez les indigènes, alors même qu’il y avait très peu d’Européens à la Nouvelle-Zélande. Quand je visitai la Baie des Îles, en 1835, le costume et le mode d’alimentation des indigènes s’étaient déjà considérablement modifiés ; ils cultivaient des pommes de terre, du maïs, et quelques autres produits agricoles qu’ils échangeaient avec les Anglais contre du tabac et des produits manufacturés.

Il ressort de plusieurs notes publiées dans l’histoire de la vie de l’évêque Patteson[1] que les indigènes des Nouvelles-Hébrides et de plusieurs archipels voisins succombèrent en grand nombre quand on les transporta à la Nouvelle-Zélande, à l’île Norfolk et dans d’autres stations salubres pour les y élever comme missionnaires.

On sait que la population indigène des îles Sandwich diminue aussi rapidement que celle de la Nouvelle-Zélande. Les voyageurs les plus autorisés évaluaient à environ 300,000 habitants la population des îles Sandwich lors du premier voyage de Cook en 1779. D’après un recensement imparfait opéré en 1823, le nombre des indigènes s’élevait alors à 142,050. En 1832, et depuis à diverses périodes, on a procédé à un recensement officiel ; je n’ai pu malheureusement me procurer que les renseignements suivants :


ANNÉES.
POPULATION INDIGÈNE
(En 1832 et en 1836 les quelques étrangers habitant les Îles sont compris dans les chiffres ci-dessous.)
Proportion annuelle de la diminution pour 100, en admettant que cette diminution ait été uniforme dans l’intervalle des différents recensements qui ont été faits à des intervalles irréguliers.
1832 130.313
4.46
1836 108.579
2.47
1853 71.019
0.81
1860 67.084
2.18
1866 58.765
2.17
1872 51.531


Il résulte de ces chiffres que, pendant un intervalle de quarante ans, de 1832 à 1872, la population indigène a diminué de 68 p. 100 ! La plupart des savants ont attribué cette diminution à la mauvaise conduite des femmes, aux guerres meurtrières, au travail forcé imposé aux tribus vaincues, à de nouvelles maladies introduites par les

  1. C.-M. Younge, Life of J.-C. Patteson, 1874 ; voir surtout vol. I, p. 530.