même qu’ils ne se rapprochent d’aucun autre animal. Si l’on se place, pour étudier cette question, au point de vue de l’organisation seule, il est probable qu’on n’aurait jamais songé à discuter l’opinion de Linné qui plaçait l’homme simplement comme une espèce particulière à la tête des Mammifères et de ces singes. Les organes de l’homme et des singes dont nous venons de parler ont une telle affinité qu’il faut les recherches anatomiques les plus exactes pour démontrer les différences qui existent réellement entre eux. Il en est de même du cerveau. Le cerveau de l’homme, celui de l’Orang, du Chimpanzé et du Gorille, en dépit des différences importantes qu’ils présentent, se rapprochent beaucoup les uns des autres. » (Loc. cit., p. 101.)
Il n’y a donc plus à discuter la ressemblance qui existe entre les caractères principaux du cerveau de l’homme et de celui du singe ; il n’y a plus à discuter non plus la similitude étonnante que l’on observe même dans les détails des dispositions des fissures et des circonvolutions des hémisphères cérébraux chez le Chimpanzé, l’Orang et l’Homme. On ne saurait admettre non plus qu’on puisse discuter sérieusement la nature et l’étendue des différences qui existent entre le cerveau des singes les plus élevés et celui de l’homme. On admet que les hémisphères cérébraux de l’homme sont absolument et relativement plus grands que ceux de l’Orang et du Chimpanzé ; que ses lobes frontaux sont moins excavés par l’enfoncement supérieur du toit des orbites ; que les fissures et les circonvolutions du cerveau de l’homme sont, en règle générale, disposées avec moins de symétrie et présentent un plus grand nombre de plis secondaires. On admet, en outre, que, en règle générale, la fissure temporo-occipitale ou fissure perpendiculaire extérieure, qui constitue ordinairement un caractère si marqué du cerveau du singe, tend à disparaître chez l’homme. Mais il est évident qu’aucune de ces différences ne constitue une ligne de démarcation bien nette entre le cerveau de l’homme et celui du singe. Le professeur Turner[1] fait les remarques suivantes relativement à la fissure perpendiculaire extérieure de Gratiolet dans le cerveau humain :
« Cette fissure, chez quelques cerveaux, constitue simplement un affaissement du bord de l’hémisphère, mais chez d’autres, elle s’étend à une certaine distance plus ou moins transversalement. Chez un cerveau de femme que j’ai eu occasion d’observer, elle s’étendait sur l’hémisphère droit à plus de 5 centimètres ; chez un autre cerveau, elle s’étendait aussi à la surface de l’hémisphère droit de 10 millimètres, puis se prolongeait en descendant jusqu’au bord inférieur de la surface extérieure de l’hémisphère. La définition imparfaite de cette fissure, dans la majorité des cerveaux humains, comparativement à sa netteté remarquable dans le cerveau de la plupart des quadrumanes, provient de la présence chez l’homme de certaines circonvolutions superficielles bien tranchées qui passent par-dessus cette fissure et relient le lobe pariétal au lobe occipital. La fissure pariéto-occipitale extérieure est d’autant plus courte que la première de ces circonvolutions se rapproche davantage de la fissure longitudinale. » (Loc. cit., p. 12.)
L’oblitération de la fissure perpendiculaire extérieure de Gratiolet n’est donc pas un caractère constant du cerveau humain. D’autre part, le développement complet de cette fissure n’est pas davantage un caractère constant du cerveau des singes anthropoïdes, car le professeur Rolleston, M. Marshall, M. Broca et le professeur Turner ont observé, à bien des reprises, chez le Chimpanzé, des oblitérations plus ou moins étendues de cette fissure par des circonvolutions. Le professeur Turner dit à la conclusion d’un mémoire qu’il consacre à ce sujet[2] :
« Les trois cerveaux de Chimpanzé, que nous venons de décrire, prouvent que la règle générale que Gratiolet a essayé de tirer de l’absence complète de la première circonvolution et de l’effacement de la seconde, ce qui, d’après