Page:Darwin - La Descendance de l’homme, 1881.djvu/27

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périorité relatives, dont les premières marquent les jalons de la route parcourue par le type homme lui-même, tandis que les autres indiquent la voie que ce type va suivre en s’élevant et en se modifiant. Les fonctions de l’organe de la pensée étant intimement liées à son organisation et dépendant de celle-ci, l’étude des manifestations de l’esprit et de la plus importante de ces manifestations, de la langue articulée, n’occupe pas une petite place dans les objets que l’anthropologie doit embrasser.

Il faut avouer franchement, messieurs, que cette étude historique, comparative et génésique du type homme est encore dans l’enfance, et que tout ce qui a été fait jusqu’à présent n’est rien en comparaison de ce qui reste à faire. Est-il étonnant qu’il en soit ainsi, le principe dont découlent ces travaux n’ayant été introduit dans la science que depuis quelques années à peine ?


Je n’ai rien à ajouter. M. Darwin prend l’homme tel qu’il se présente aujourd’hui, il examine ses qualités corporelles, morales et intellectuelles, et recherche les causes qui doivent avoir concouru à la formation de ses qualités si diverses et si compliquées. Il étudie les effets qu’ont produits ces mêmes causes en agissant sur d’autres organismes et, trouvant des effets analogues produits chez l’homme, il conclut que des causes analogues ont été en jeu. La conclusion finale de ces recherches, conduites avec une sagacité rare et égalée seulement par une érudition hors ligne, est que l’homme, tel que nous le voyons aujourd’hui, est le résultat d’une série de transformations accomplies pendant les dernières époques géologiques.

Nul doute que ces conclusions trouveront beaucoup de contradicteurs. Ce n’est pas un mal, la vérité naît du choc des esprits.


C. VOGT.