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a, cependant, des races qui n’acquièrent leurs couleurs caractéristiques qu’après deux, trois ou quatre mues, et ces modifications du plumage se transmettent régulièrement.


Hérédité à des saisons correspondantes de l’année. — On observe, chez les animaux à l’état de nature, d’innombrables exemples de caractères qui apparaissent périodiquement à différentes saisons. Ainsi, par exemple, les bois du cerf, et la fourrure des animaux arctiques, qui s’épaissit et blanchit pendant l’hiver. De nombreux oiseaux revêtent de brillantes couleurs et d’autres ornements, pendant la saison des amours seulement.

Pallas constate[1] qu’en Sibérie, le poil du bétail domestique et celui des chevaux devient périodiquement moins foncé pendant l’hiver ; j’ai moi-même remarqué chez certains poneys, en Angleterre, des changements analogues bien tranchés dans la coloration de la robe, c’est-à-dire que celle-ci passe du brun rougeâtre au blanc absolu. Je ne saurais affirmer que cette tendance à revêtir un pelage de couleur différente à diverses époques de l’année est transmissible ; il est, cependant, très-probable qu’il en est ainsi, car la couleur constitue un caractère fortement héréditaire chez le cheval. D’ailleurs, cette forme d’hérédité, avec sa limite de saison, n’est pas plus remarquable que celle qui est limitée par l’âge et par le sexe.


Hérédité limitée par le sexe. — L’égale transmission des caractères aux deux sexes est la forme la plus commune de l’hérédité, au moins chez les animaux qui ne présentent pas de différences sexuelles très accusées, et encore l’observe-t-on même chez beaucoup de ces derniers. Mais il n’est pas rare que les caractères se transmettent exclusivement au sexe chez lequel ils ont d’abord apparu. J’ai cité, dans mon ouvrage sur la Variation à l’état domestique, d’amples documents sur ce point ; je me contenterai donc ici de quelques exemples. Il existe des races de moutons et de chèvres, chez lesquelles la forme des cornes des mâles diffère beaucoup de la forme de celles des femelles ; ces différences, acquises pendant la domestication, se transmettent régulièrement au même sexe. Chez les chats tigrés, la femelle seule, en règle générale, revêt cette robe, les mâles affectant une nuance rouge de rouille. Chez la plupart des races gallines, les caractères propres à chaque

  1. Novæ species Quadrupedum e Glirium ordine, 1778, p. 7. Sur la transmission de la couleur chez le cheval, Variation, etc., vol. I, p. 21. Voir vol. II, p. 76, pour la discussion générale sur l’hérédité limitée par le sexe.