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des lézards et des mammifères, les ailes et les pattes des oiseaux, de même que les mains et les pieds de l’homme, dérivent de la même forme fondamentale ». C’est, dit le professeur Huxley[1], « dans les toutes dernières phases du développement, que le jeune être humain présente des différences marquées avec le jeune singe, tandis que ce dernier s’éloigne autant du chien dans ses développements que l’homme lui-même peut s’en éloigner. On peut démontrer la vérité de cette assertion, tout extraordinaire qu’elle puisse paraître. »

Comme plusieurs de mes lecteurs peuvent n’avoir jamais vu le dessin d’un embryon, je donne ici ceux de l’homme et du chien, tous deux à peu près à la même phase précoce de leur développement, et je les emprunte à deux ouvrages dont l’exactitude est incontestable[2].

Après les assertions de ces hautes autorités, il est inutile d’entrer dans de plus amples détails pour prouver la grande ressemblance qu’offre l’embryon humain avec celui des autres mammifères. J’ajouterai, cependant, que certains points de la conformation de l’embryon humain ressemblent aussi à certaines conformations d’animaux inférieurs à l’état adulte. Le cœur, par exemple, n’est d’abord qu’un simple vaisseau pulsateur ; les déjections s’évacuent par un passage cloacal ; l’os coccyx fait saillie comme une véritable queue, qui « s’étend beaucoup au-delà des jambes rudimentaires[3]. » Certaines glandes, désignées sous le nom de corps de Wolff, existant chez les embryons de tous les vertébrés à respiration aérienne, correspondent aux reins des poissons adultes et fonctionnent comme eux[4]. On peut même observer, à une période embryonnaire plus tardive, quelques ressemblances frappantes entre l’homme et les animaux inférieurs. Bischoff assure qu’à la fin du septième mois, les circonvolutions du cerveau d’un embryon humain en sont à peu près au même état de développement que

  1. Man’s place in Nature, 1863, p. 67.
  2. L’embryon humain (fig. supérieure) est tiré d’Ecker ; Icones Phys., 1859. tabl. xxx., fig. 2 ; cet embryon avait 10 lignes de longueur, par conséquent la figure est très agrandie. L’embryon du chien est emprunté à Bischoff ; Entwicklungsgeschichte des Hunde-Eies, 1845. tabl. XI, fig. 42, B. La figure est grossie cinq fois et dessinée d’après un embryon âgé de 25 jours. Les viscères internes, ainsi que les appendices utérins, ont été omis dans les deux cas. C’est le professeur Huxley, qui m’a indiqué ces figures ; c’est d’ailleurs en lisant son ouvrage, Man’s place in Nature, que j’ai eu l’idée de les reproduire. Hæckel a donné des dessins analogues dans son ouvrage Schöpfungsgeschichte.
  3. Prof. Wyman, dans Proc. of American Acad. of sciences, vol. IV. 1860 ; p. 17.
  4. Owen, Anatomy of vertebrates, vol I. p. 533.