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blent alors à celles de la femelle[1]. Cette conformation permet sans doute au mâle de rechercher et de poursuivre activement la femelle. Une crête élevée et profondément dentelée apparaît sur le dos et sur la queue de nos tritons communs mâles (T. punctatus et T. cristatus), pendant la saison des amours, et se résorbe dans le courant de l’hiver. Cette crête, dépourvue de muscles, d’après M. Saint-Georges Mivart, ne peut faciliter la locomotion ; mais comme, pendant la saison des amours, elle se frange de vives couleurs, elle constitue évidemment un ornement masculin. Chez beaucoup d’espèces, le corps offre des tons heurtés quoique sombres, qui deviennent plus vifs lors de la saison des amours.

Fig. 32. — Triton cristatus (demi-grandeur naturelle, d’après Bell, British Reptiles) ; figure sup., mâle, pendant la saison des amours ; figure inf., femelle.

Le petit triton commun (T. punctatus) mâle, par exemple, « a la partie supérieure gris brun et la partie inférieure jaune ; au printemps, la partie inférieure du corps affecte une riche teinte orange partout marquée de taches arrondies et foncées. » Le bord de la crête revêt alors des nuances rouges ou violettes très-brillantes. La femelle est ordinairement brun-jaunâtre, avec des taches brunes disséminées ; la partie inférieure du corps est souvent tout unie[2]. Les jeunes affectent une nuance sombre. Les œufs fécondés pendant l’acte de la ponte ne sont subséquemment l’objet d’aucune attention ni d’aucun soin de la part des parents. Nous pouvons donc en conclure que les mâles ont acquis, par sélection sexuelle, leurs vives couleurs et leurs ornements ; ces caractères

  1. Bell, Hist. of Brit. Reptiles, 2e  édit., 1849. p. 156-159.
  2. Bell, ibid., p. 146, 151.