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Le docteur Günther fait remarquer qu’on peut comparer ces appendices aux crêtes des gallinacés ; ils ne servent, sans doute, que comme ornements.

Fig. 36. — Chamæleon Owenii ; figure sup., mâle ; figure inf., femelle.

Le genre Chamæleon présente le maximum des différences entre les mâles et les femelles. La partie supérieure du crâne du C. bifurcus mâle (fig. 35), habitant Madagascar, se prolonge en deux projections osseuses fortes et considérables, couvertes d’écailles comme le reste de la tête : modification importante de conformation dont la femelle n’a que des rudiments. Chez le Chamæleon Owenii (fig. 36) de la côte occidentale d’Afrique, le mâle porte sur le museau et sur le front trois cornes curieuses dont la femelle n’offre pas de traces. Ces cornes consistent en une excroissance osseuse recouverte d’un étui lisse faisant partie des téguments généraux du corps, de sorte qu’elles sont identiques par leur structure à celles du taureau, de la chèvre, ou des autres ruminants portant des cornes à étui. Les trois cornes du Chamæleon Owenii ne ressemblent en aucune façon aux deux grands prolongements du crâne du C. bifurcus ; cependant nous croyons pouvoir affirmer qu’elles remplissent le même but général dans l’économie des deux animaux. On est porté à supposer tout d’abord que ces cornes servent aux mâles dans leurs combats, et, comme ces animaux sont très-belliqueux[1], il est probable que cette opinion est fondée. M. C. W. Wood a vu deux C. pumilus se battre avec fureur sur une branche d’arbre ; ils agitaient constamment la tête et cherchaient à se mordre, puis ils se reposaient quelques instants pour recommencer ensuite le combat.

La couleur diffère légèrement chez les mâles et les femelles de plusieurs espèces de lézards ; les teintes et les raies sont plus brillantes et plus distinctes chez les mâles que chez les femelles. On remarque tout particulièrement cette différence chez le Cophotis, dont

  1. Dr Bucholz, Monatsbericht K. Preuss. Akad., Janv. 1874, p. 78.