Page:Darwin - La Descendance de l’homme, 1881.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et par conséquent ne s’accouplent pas. On a cité bien des exemples de couples chez lesquels le mâle ou la femelle a été promptement remplacé par un autre, quand l’un des deux a été tué. Ce fait a été plus fréquemment observé chez la pie que chez tout autre oiseau, probablement parce que cet oiseau est très-apparent et que son nid se remarque facilement. Le célèbre Jenner raconte que, dans le Wiltshire, on tua sept jours de suite un des oiseaux d’un couple, mais sans résultat, « car l’oiseau restant remplaçait aussitôt son compagnon disparu, et le dernier couple se chargea d’élever les petits. » Un nouveau compagnon se trouve généralement le lendemain, mais M. Thompson cite un cas où il fut remplacé dans la soirée du même jour. Si un des oiseaux parents vient à être tué même après l’éclosion des œufs, il est souvent remplacé ; le fait s’est passé après un intervalle de deux jours dans un cas observé récemment par un garde-chasse de sir J. Lubbock[1]. On peut supposer tout d’abord, et cette supposition est la plus probable, que les pies mâles sont beaucoup plus nombreuses que les femelles, et que, dans ces cas et beaucoup d’autres analogues, les mâles seuls ont été tués, ce qui arrive assez souvent. En effet, les gardes de la forêt de Delamere ont affirmé à M. Fox que les pies et les corbeaux qu’ils abattaient en grand nombre dans le voisinage des nids, étaient tous mâles, ce qui s’explique par le fait que les mâles, obligés d’aller et venir pour se procurer des aliments pour les femelles en train de couver, sont exposés à de plus grands dangers. Macgillivray, cependant, assure, d’après un excellent observateur, que trois pies femelles ont été successivement tuées sur le même nid ; dans un autre cas, six pies femelles ont été aussi tuées successivement alors qu’elles couvaient les mêmes œufs ; il est vrai que, s’il faut en croire M. Fox, le mâle se charge de couver lorsque la femelle vient à être tuée.

Le garde de sir J. Lubbock a tué, à plusieurs reprises, sans pouvoir préciser le nombre de fois, un des deux membres d’un couple de geais (Garrulus glandarius), et a toujours trouvé l’oiseau survivant accouplé de nouveau au bout de très-peu de temps. Le Rév. W. D. Fox, M. F. Bond, et d’autres, après avoir tué un des deux corbeaux (Corvus corone) d’un couple, ont observé que le survivant trouvait très-promptement à s’accoupler de nouveau. Ces oiseaux sont communs et on peut s’expliquer qu’ils trouvent un nouveau compagnon avec une facilité relative ; mais M. Thompson constate qu’en

  1. Sur les pies, Jenner, Phil. Trans., 1824, p. 21 ; Macgillivray, Hist. Brit. Birds., vol. I, p. 570 ; Thompson, Ann. and Mag. of Nat. Hist., vol. VIII, 1842. p. 494.