Page:Darwin - La Descendance de l’homme, 1881.djvu/601

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modifications successives de force, de taille et de courage (dues à ce qu’on appelle la variabilité spontanée ou aux effets de l’usage) et, dont l’accumulation a donné aux mammifères mâles ces qualités caractéristiques, ont apparu un peu tardivement dans la vie et ont, par conséquent, été limitées dans une grande mesure, dans leur transmission, au même sexe.

À ce point de vue, j’étais très-désireux d’obtenir des renseignements sur le lévrier courant écossais, dont les sexes diffèrent quant à la taille beaucoup plus que ceux d’aucune autre race (excepté peut-être) les limiers ou d’aucune espèce canine sauvage que je connaisse. Je m’adressai en conséquence à M. Cupples, éleveur fort connu de ces chiens, qui, à ma demande, en a pesé et mesuré un grand nombre et a recueilli avec beaucoup d’obligeance les faits suivants, en s’adressant de divers côtés. Les chiens mâles supérieurs, mesurés à l’épaule, ont vingt-huit pouces, hauteur minimum, mais plus ordinairement trente-trois et même trente-quatre pouces ; ils varient en poids entre 80 et 120 livres, ou même davantage. Les femelles varient en hauteur de vingt-trois à vingt-sept ou vingt-huit pouces ; et, en poids, de 50 à 70 ou 80 livres[1]. M. Cupples conclut à une moyenne assez exacte de 95 à 100 livres pour le mâle, et de 70 livres pour la femelle ; mais certaines raisons font supposer qu’autrefois les deux sexes étaient plus pesants. M. Cupples a pesé des petits âgés d’une quinzaine de jours : dans une portée, le poids moyen de quatre mâles a dépassé de six onces et demie celui de deux femelles ; une autre portée a donné moins d’une once pour l’excès de la moyenne du poids de quatre mâles sur une femelle ; les mêmes mâles, à trois semaines, excédaient de sept onces et demie le poids de la femelle, et à six semaines de quatorze onces environ. M. Wright, de Yeldersley House, dit dans une lettre adressée à M. Cupples : « J’ai pris des notes sur la taille et sur le poids des chiens d’un grand nombre de portées, et, d’après mes expériences, les deux sexes, en règle générale, diffèrent très-peu jusqu’à l’âge de cinq ou six mois ; les mâles commencent alors à augmenter, et dépassent les chiennes en grosseur et en poids. À sa naissance et pendant quelques semaines, une chienne peut accidentellement être plus grosse qu’aucun des mâles, mais ceux-ci finissent invariablement par la dépasser. » M. Mc Neill, de Colinsay.

  1. Richardson, Manual on the Dog. p. 59. M. Mc Neill a donné des renseignements précieux sur le lévrier d’Écosse, et a le premier attiré l’attention sur l’inégalité de taille entre les deux sexes dans Art of Deer Stalking, de Scrope. J’espère que M. Cupples persistera dans son intention de publier un travail complet sur cette race célèbre et sur son histoire.