des pommettes, la proéminence ou la dépression du nez, la couleur de la peau, la longueur des cheveux, l’absence de poils sur le visage et sur le corps, ou la présence d’une grande barbe, etc. Ces caractères et d’autres semblables ne peuvent donc manquer d’avoir été lentement et graduellement exagérés chez les hommes les plus forts et les plus actifs de la tribu. Ces hommes, en effet, auront réussi à élever le nombre le plus considérable d’enfants, en choisissant pour compagnes, pendant de longues générations, les femmes chez lesquelles ces caractères étaient le plus prononcés, et qui leur semblaient par conséquent les plus attrayantes. Je conclus donc que, de toutes les causes qui ont déterminé les différences d’aspect extérieur existant entre les races humaines, et, jusqu’à un certain point, entre l’homme et les animaux qui lui sont inférieurs, la sélection sexuelle a été la plus active et la plus efficace.
CHAPITRE XXI
Il suffira d’un court résumé pour rappeler au lecteur les points les plus saillants qui ont fait le sujet de cet ouvrage. J’y ai émis beaucoup d’idées d’un ordre spéculatif. On finira, sans doute, par reconnaître que quelques-unes sont inexactes ; mais, dans chaque cas, j’ai indiqué les raisons qui m’ont conduit à préférer une opinion à une autre. Il m’a semblé qu’il était utile de rechercher jusqu’à quel point le principe de l’évolution pouvait jeter quelque lumière sur quelques-uns des problèmes les plus complexes que présente l’histoire naturelle de l’homme. Les faits inexacts sont très-nuisibles aux progrès de la science, car ils persistent souvent fort longtemps ; mais les opinions erronées, quand elles reposent sur certaines preuves, ne font guère de mal, car chacun s’empresse heureusement d’en démontrer la fausseté : or, la discussion, en fermant une route qui conduit à l’erreur, ouvre souvent en même temps le chemin de la vérité.
La conclusion capitale à laquelle nous arrivons dans cet ouvrage, conclusion que soutiennent actuellement beaucoup de naturalistes compétents, est que l’homme descend d’une forme moins parfaitement organisée que lui. Les bases sur lesquelles repose cette conclusion sont inébranlables, car la similitude étroite qui existe entre l’homme et les animaux inférieurs pen-