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408 Succession géologique des êtres organisés.  

tinctes l’une de l’autre. Si, par exemple, on retrouvait les genres a1, a5, a10, f8, m3, m6, m9, ces trois familles seraient assez étroitement reliées pour qu’elles dussent probablement être réunies en une seule grande famille, à peu près comme on a dû le faire à l’égard des ruminants et de certains pachydermes. Cependant, on pourrait peut-être contester que les genres éteints qui relient ainsi les genres vivants de trois familles soient intermédiaires, car ils ne le sont pas directement, mais seulement par un long circuit et en passant par un grand nombre de formes très différentes. Si l’on découvrait beaucoup de formes éteintes au-dessus de l’une des lignes horizontales moyennes qui représentent les différentes formations géologiques — au-dessus du numéro VI, par exemple, — mais qu’on n’en trouvât aucune au-dessous de cette ligne, il n’y aurait que deux familles (seulement les deux familles de gauche a14 et b14, etc.) à réunir en une seule ; il resterait deux familles qui seraient moins distinctes l’une de l’autre qu’elles ne l’étaient avant la découverte des fossiles. Ainsi encore, si nous supposons que les trois familles formées de huit genres (a14 à m14) sur la ligne supérieure diffèrent l’une de l’autre par une demi-douzaine de caractères importants, les familles qui existaient à l’époque indiquée par la ligne VI devaient certainement différer l’une de l’autre par un moins grand nombre de caractères, car à ce degré généalogique reculé elles avaient dû moins s’écarter de leur commun ancêtre. C’est ainsi que des genres anciens et éteints présentent quelquefois, dans une certaine mesure, des caractères intermédiaires entre leurs descendants modifiés, ou entre leurs parents collatéraux.

Les choses doivent toujours être beaucoup plus compliquées dans la nature qu’elles ne le sont dans le diagramme ; les groupes, en effet, ont dû être plus nombreux ; ils ont dû avoir des durées d’une longueur fort inégale, et éprouver des modifications très variables en degré. Comme nous ne possédons que le dernier volume des Archives géologiques, et que de plus ce volume est fort incomplet, nous ne pouvons espérer, sauf dans quelques cas très rares, pouvoir combler les grandes lacunes du système naturel, et relier ainsi des familles ou des ordres distincts. Tout ce qu’il nous est permis d’espérer, c’est que les groupes qui, dans