Page:Darwin - L’Origine des espèces (1906).djvu/470

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
452 Distribution géographique.  

rants de l’Océan. L’inverse a lieu pour l’hémisphère boréal, lorsque l’hémisphère austral passe à son tour par une période glaciaire. Ces conclusions jettent une telle lumière sur la distribution géographique, que je suis disposé à les accepter ; mais je commence par les faits qui réclament une explication.

Le docteur Hooker a démontré que, dans l’Amérique du Sud, outre un grand nombre d’espèces étroitement alliées, environ quarante ou cinquante plantes à fleurs de la Terre de Feu, constituant une partie importante de la maigre flore de cette région, sont communes à l’Amérique du Nord et à l’Europe, si éloignées que soient ces régions situées dans deux hémisphères opposés. On rencontre, sur les montagnes élevées de l’Amérique équatoriale, une foule d’espèces particulières appartenant à des genres européens. Gardner a trouvé sur les monts Organ, au Brésil, quelques espèces appartenant aux régions tempérées européennes, des espèces antarctiques, et quelques genres des Andes, qui n’existent pas dans les plaines chaudes intermédiaires. L’illustre Humboldt a trouvé aussi, il y a longtemps, sur la Silla de Caraccas, des espèces appartenant à des genres caractéristiques des Cordillères.

En Afrique, plusieurs formes ayant un caractère européen, et quelques représentants de la flore du cap de Bonne-Espérance se retrouvent sur les montagnes de l’Abyssinie. On a rencontré au cap de Bonne-Espérance quelques espèces européennes qui ne paraissent pas avoir été introduites par l’homme, et, sur les montagnes, plusieurs formes représentatives européennes qu’on ne trouve pas dans les parties intertropicales de l’Afrique. Le docteur Hooker a récemment démontré aussi que plusieurs plantes habitant les parties supérieures de l’île de Fernando-Po, ainsi que les montagnes voisines de Cameroon, dans le golfe de Guinée, se rapprochent étroitement de celles qui vivent sur les montagnes de l’Abyssinie et aussi des plantes de l’Europe tempérée. Le docteur Hooker m’apprend, en outre, que quelques-unes de ces plantes, appartenant aux régions tempérées, ont été découvertes par le révérend F. Lowe sur les montagnes des îles du Cap-Vert. Cette extension des mêmes formes tempérées, presque sous l’équateur, à travers tout le continent africain jusqu’aux montagnes de l’archipel du Cap-Vert, est sans contredit