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Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/23

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nes ! Tandis que les uns, se sentant ébranlés, cherchent à consolider leur puissance en proclamant bien haut leur immuabilité ; les autres se montrent soucieux et inquiets de l’avenir.

« Il n’y a pas de spectacle plus triste, écrit Draper, que celui d’une religion qui s’effondre après avoir fait pendant des siècles le bonheur de l’humanité, » et Herbert Spencer motive la publication de sa Morale évolutionniste par ces graves paroles :

« Il est peu de désastres plus redoutables que la décadence et la mort d’un système régulateur, devenu insuffisant désormais, alors qu’un autre système plus propre à régler les mœurs n’est pas encore prêt à le remplacer. La plupart de ceux qui rejettent la croyance commune paraissent admettre que l’on peut impunément se passer de l’action directrice qu’elle exerçait et laisser vacant le rôle qu’elle jouait. En même temps, ceux qui défendent la croyance commune soutiennent que, faute de la direction qu’elle donne, il n’y a plus de direction possible : les commandements divins, à leur avis, sont les seules règles que l’on puisse connaître. Ainsi entre les partisans de ces doctrines opposées, il y a une idée commune. Les uns prétendent que le vide laissé par la disparition du code de morale surnaturelle n’a pas besoin d’être comblé par un code de morale naturelle, et les autres prétendent qu’il ne serait pas possible de le combler ainsi. Les uns et les autres reconnaissent le vide ; les uns le désirent, les autres le redoutent. Le changement que promet ou menace parmi vous cet état désiré ou craint, fait de rapides progrès. Ceux qui croient possible ou nécessaire de remplir le vide sont donc appelés à faire quelque chose en conformité avec leur foi. »

Les philosophes avisés redoutent donc que les bases mêmes de notre organisation sociale soient atteintes par les doctrines nouvelles et c’est, sans aucun doute,