Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le degré de trituration subie par les particules de terre dans le gésier des vers présentant, comme nous allons le voir ci-après, un certain intérêt, j’ai essayé de recueillir des données à son égard, en examinant avec soin un grand nombre de fragments qui avaient passé par leur canal alimentaire. Chez des vers vivant à l’état de nature, il est, cela va sans dire, impossible de savoir jusqu’à quel point les fragments ont été altérés avant d’être avalés. Cependant, il est bien certain que les vers ne choisissent pas habituellement des particules déjà arrondies, car on a déjà souvent trouvé des morceaux de silex ou d’autres roches dures à angles vifs dans leur gésier et leurs intestins. Dans trois cas, on trouva ainsi des épines aiguës provenant des tiges de rosiers. Des vers tenus renfermés ont, à plusieurs reprises, avalé des fragments angulaires de carreaux durs, de charbon, de cendres et même jusqu’aux fragments les plus tranchants de verre. Les gallinacés et les oiseaux de la famille des autruches conservent longtemps dans leur gésier les mêmes pierres et elles deviennent par suite bien arrondies ; mais, il ne paraît pas en être ainsi des vers, à en juger d’après le grand nombre de fragments de carreaux, de perles de verre, de pierre, etc., que l’on trouve d’ordinaire dans leurs déjections et leurs intestins. Ainsi donc, à moins que les mêmes fragments ne passent à plusieurs reprises par leur gésier, on ne peut guère s’attendre à trouver sur ces fragments des signes marqués d’attrition, excepté peut-être pour le cas de pierres très tendres.

Je passerai maintenant aux exemples d’attrition que