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Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/267

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sieurs déjections dans ma prairie et on les garantit de toute espèce de perturbation. Après un intervalle de dix semaines, pendant lequel le temps avait été alternativement sec et pluvieux, on les examina de nouveau. Quelques-unes qui étaient d’une couleur jaunâtre avaient été emportées presque complètement par la pluie, comme on peut le voir à la couleur du sol environnant. D’autres avaient complètement disparu, et celles-ci, sans doute, avaient été emportées par le vent. Enfin d’autres restaient encore et devaient rester bien longtemps, des brins d’herbe ayant poussé au milieu d’elles. Dans un pâturage maigre qui n’a jamais été passé au rouleau et n’a pas été beaucoup trépigné par les animaux, toute la surface est quelquefois parsemée de petites élevures et l’herbe y pousse à travers et par-dessus ; ces élevures consistent en anciennes déjections de vers.

Dans le grand nombre des cas de déjections molles poussées sous le vent, cela a toujours été effectué par de grands vents accompagnés de pluie. Ces vents-là venant d’ordinaire du sud et du sud-ouest en Angleterre, la terre doit en somme tendre à traverser nos champs dans la direction du nord et du nord-est. Ce fait est intéressant, parce qu’on pourrait penser que sur une surface horizontale couverte d’herbe, il ne peut d’aucune façon y avoir de la terre enlevée. Dans les bois épais et de niveau, protégés contre le vent, jamais les déjections ne seront changées de place, tant que le bois restera debout, et la terre végétale tendra à s’y accumuler jusqu’à la profondeur à laquelle les vers