Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/45

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depuis le mois d’août jusqu’en mai, ces deux mois y compris, et il est probable que la même chose arrive pendant les deux autres mois de l’année, quand ils sont humides. Dans ces cas, on voit très peu de vers morts en général. Le 31 janvier 1881, après un froid exceptionnellement rigoureux et qui avait persisté pendant longtemps, dès que le dégel commença, les allées furent sillonnées d’innombrables vestiges de vers. Dans un cas, j’ai compté jusqu’à cinq pistes traversant un espace d’un pouce carré seulement. On pouvait parfois les poursuivre dans les allées sablées à des distances de deux à trois et jusqu’à quinze toises à partir de l’ouverture de la galerie ou jusqu’à cette ouverture. Jamais je n’ai vu deux pistes menant à la même galerie ; et il n’est pas non plus probable, d’après ce que nous allons bientôt voir des organes des sens du vers, il n’est pas probable, dis-je, qu’un ver puisse retrouver son chemin pour retourner à sa galerie, une fois qu’il l’a abandonnée. Il semble que les vers quittent leurs galeries pour faire un voyage de découvertes, et c’est ainsi qu’ils trouvent de nouveaux emplacements à habiter.

Morren dit[1] que les vers gisent souvent des heures entières presque sans mouvement, immédiatement au-dessous de l’ouverture de leur galerie. J’ai eu moi-même occasion d’observer le fait sur des vers tenus dans des pots à la maison ; en plongeant le regard dans la galerie, on pouvait justement voir leur tête. Bien souvent, en enlevant soudainement de dessus la galerie la terre ou les détritus rejetés, on voyait se retirer rapi-

  1. De Lumbrici terrestri, etc. p. 14.