Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/51

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galeries, ils se gardaient d’apparaître au dehors.

Des faits précédents, il résulte à l’évidence que la lumière affecte les vers par son intensité et par sa durée. C’est seulement l’extrémité antérieure du corps, où sont les ganglions cérébraux, qui est affectée par la lumière, comme l’assure Hoffmeister, et comme je l’ai observé moi-même en beaucoup de cas. Si cette partie est dans l’obscurité, on peut éclairer en plein d’autres parties du corps, aucun effet ne sera produit. Ces animaux n’ayant pas d’yeux, nous devons admettre que la lumière traverse leur peau et excite d’une certaine manière leurs ganglions cérébraux. Il semblait au premier abord probable que la manière différente dont les vers étaient affectés en différents cas pût s’expliquer, soit par le degré d’extension de leur peau et par le degré de transparence en résultant, ou par l’incidence particulière de la lumière ; mais je n’ai pu découvrir aucun rapport de ce genre. Ce qui était manifeste, c’est que quand les vers étaient occupés à traîner des feuilles dans leur galerie ou à les manger, et même pendant les courts intervalles de temps durant lesquels ils se reposaient de leur ouvrage, ou bien ils ne percevaient pas la lumière, ou ils n’y faisaient pas attention ; et cela arrivait même quand on concentrait sur eux la lumière par une large lentille. De même aussi, pendant qu’ils sont accouplés, ils restent de une à deux heures hors de leurs galeries, exposés en plein au soleil du matin ; mais, d’après ce que dit Hoffmeister, il semble que la lumière fait en certains cas se séparer des individus accouplés.