Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à l’autre de l’allée de gravier jusqu’à l’ouverture d’une galerie, pesait deux onces ; cela prouve combien les vers sont forts. Mais ils montrent encore plus de force quand parfois ils déplacent des pierres dans une allée de gravier très fréquentée des piétons ; que ce soient eux qui le font, c’est ce qu’il est permis de conclure du fait que les cavités laissées par les pierres déplacées correspondent exactement aux pierres qui recouvrent l’ouverture des galeries adjacentes, comme je l’ai observé moi-même.

Le travail a d’ordinaire lieu pendant la nuit, mais j’ai eu l’occasion de voir des objets poussés dans les galeries pendant le jour. Quel est l’avantage que les vers trouvent à boucher de feuilles et d’autres objets l’ouverture de leurs galeries, ou d’empiler des pierres par-dessus, c’est ce qu’on ne sait pas. Ils n’agissent pas de la sorte quand ils rejettent de leurs galeries beaucoup de terre ; car alors, leurs déjections servent à recouvrir l’ouverture. Quand les jardiniers veulent tuer les vers sur une pelouse, il faut d’abord qu’ils balaient ou ratellent les déjections de la surface, pour que l’eau de chaux entre dans les galeries[1]. On pourrait induire de ce fait que l’ouverture est bouchée avec des feuilles et autres objets pour empêcher l’eau d’entrer lors des pluies fortes ; mais on peut opposer à cette manière de voir que quelques pierres, détachées et bien arrondies, ne sont guère propres à retenir la pluie. J’ai d’ailleurs vu beaucoup de galeries dans les

  1. London’s Gard. Mag. XVII, ainsi qu’il est mentionné dans le Catalogue of the British Museum. Worms, 1865, p. 327.