Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/89

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été plus facile de les rentrer par le sommet que par la base ; et pour 8 pour cent, la chose était aussi aisée d’un bout que de l’autre. Il fallait juger de la forme d’une feuille tombée avant de traîner dans une galerie l’une des extrémités, car une fois la feuille entrée, le bout libre, que ce soit la base ou le sommet, sécherait beaucoup plus vite que le bout plongé dans le sol humide ; et les bords à ciel ouvert de l’extrémité libre tendraient par suite à s’enrouler davantage encore qu’ils ne l’étaient, quand le ver saisit la feuille pour la première fois. Mon fils trouva 91 feuilles qui avaient été traînées par les vers dans leurs galeries, à une petite profondeur à la vérité ; de ce nombre, 66 pour cent avaient été rentrées par la base ou pétiole, et 34 pour cent par le sommet. Par conséquent, dans ce cas, les vers avaient jugé avec un haut degré d’exactitude quel était le meilleur moyen de faire entrer dans leurs galeries les feuilles fanées de cette plante étrangère, et cependant ils avaient eu à se départir de leur habitude ordinaire d’éviter le pétiole.

Dans les allées de gravier de mon jardin, un très grand nombre de feuilles de trois espèces de pin (Pinus austriaca, nigricans et sylvestris) sont régulièrement transportées par les vers dans l’ouverture de leurs galeries. Ces feuilles sont groupées par paires, et dans les deux premières espèces nommées, sont d’une longueur considérable, mais courtes chez la dernière, et elles sont unies par une base commune ; c’est par cette partie qu’elles sont presque invariablement traînées dans les galeries. Je n’ai vu que deux ou au