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ROCHERS DE SAINT-PAUL.

sur une partie de la côte de l’Ascension où se trouvent d’immenses amas de sable coquillier, l’eau de la mer dépose, sur les rochers exposés à l’action de la marée, une incrustation qui ressemble à certaines plantes cryptogames (Marchantia) qu’on remarque souvent sur les murs humides ; on pourra juger de cette ressemblance par la figure suivante.


La surface des feuillages est admirablement lustrée ; les parties qui se trouvent pleinement exposées à la lumière sont noir de jais, mais celles qui se trouvent sous un rebord de rocher restent grises. J’ai montré à plusieurs géologues des spécimens de ces incrustations, et tous ont été d’avis qu’elles ont une origine volcanique ou ignée ! La dureté et la diaphanéité de ces incrustations, leur poli, qui est aussi parfait que celui des plus beaux coquillages, l’odeur qu’elles émettent et la perte de leur couleur quand on les soumet à l’action du chalumeau, tout prouve leur intime analogie avec les coquillages marins vivants. On sait, en outre, que, dans les coquillages, les parties habituellement recouvertes ou masquées par le corps de l’animal ont une couleur plus pâle que celles qui sont pleinement exposées à la lumière, fait qui, nous venons de le voir, se trouve exact pour ces incrustations.

Quand nous nous rappelons que la chaux, sous forme de phosphate ou de carbonate, entre dans la composition des parties dures, telles que les os et les coquilles de tous les animaux vivants, il est fort intéressant, au point de vue physiologique, de trouver des substances plus dures que l’émail des dents, des surfaces colorées aussi bien polies que celles d’un coquillage, affectant aussi la forme de quelques-unes des productions végétales les plus infimes,