Aller au contenu

Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
ZOOLOGIE.

falaises semblables de l’autre côté du canal, tandis que l’autre île est exclusivement bordée par de vieux rocs cristallins ; dans la première, que l’on appelle île Navarin, on trouve et les renards et les guanacos ; mais dans la seconde, île Hoste, bien que semblable sous tous les rapports, bien que n’étant séparée du reste du pays que par un canal ayant un peu plus d’un demi-mille de largeur, on ne trouve aucun de ces animaux, si je dois toutefois en croire ce que m’a souvent affirmé Jemmy Button.

Quelques oiseaux habitent ces bois si sombres ; de temps en temps on peut entendre le cri plaintif d’un gobe-mouches à huppe blanche (Mylobius albiceps), qui se cache au sommet des arbres les plus élevés ; plus rarement encore, on entend le cri retentissant et si étrange d’un pic noir qui porte sur la tête une élégante crête écarlate. Un petit roitelet, à plumage sombre (Scytalopus Magellanicus), sautille çà et là, et se cache au milieu de la masse informe des troncs d’arbres tombés ou pourris. Mais l’oiseau le plus commun du pays est le grimpereau (Oxyurus Tupinieri). On le rencontre dans les forêts de hêtre presque au sommet des montagnes et jusque dans le fond des ravins les plus sombres, les plus humides et les plus impénétrables. Ce petit oiseau paraît sans doute plus nombreux qu’il ne l’est réellement, grâce à son habitude de suivre avec curiosité quiconque pénètre dans ces bois silencieux ; tout en voltigeant d’arbre en arbre, à quelques pieds du visage de l’envahisseur, il fait entendre un cri aigu. Il est loin, comme le vrai grimpereau (Certhia familiaris), de rechercher des endroits solitaires ; il ne grimpe pas non plus aux arbres comme cet oiseau, mais, comme le roitelet du saule, il sautille de côté et d’autre et cherche les insectes sur toutes les branches. Dans les endroits les plus ouverts, on trouve trois ou quatre espèces de moineaux, une grive, un sansonnet (ou Icterus), deux Opetiorhynques, des faucons et plusieurs hiboux.

L’absence de toute espèce de Reptiles constitue un des caractères les plus remarquables de la zoologie de ce pays, aussi bien que de celle des îles Falkland. Ce n’est pas seulement sur mes propres observations que je base cette assertion ; les habitants espagnols des îles Falkland me l’ont affirmé, et pour la Terre de Feu Jemmy Bulton me l’a souvent affirmé aussi. Sur les bords du Santa-Cruz, par 50 degrés sud, j’ai vu une grenouille ; on peut penser d’ailleurs que ces animaux, aussi bien que les lézards, habitent jusque vers les parages du détroit de Magellan, où le pays