Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
270
RÉCAPITULATION.

ne pénètre pas jusqu’à lui, et en admettant aussi que la couche qui le recouvre soit assez épaisse pour que, quand le fond de la mer s’est transformé en terre, la chaleur de l’air ne pénètre pas jusqu’à lui pour le corrompre.

Récapitulation. — Je vais récapituler en quelques mots les principaux faits relatifs au climat, à l’action des glaces et aux productions organiques de l’hémisphère méridional ; pour en mieux faire comprendre les singularités, je supposerai que nous sommes en Europe, contrées dont la géographie est mieux connue, et je prendrai des noms Européens tout en respectant scrupuleusement les positions en latitude et en longitude. Ainsi donc, près de Lisbonne, les coquillages marins les plus communs, c’est-à-dire trois espèces d’Olives, une Volute et une Vis, auraient un caractère tropical. Dans les provinces méridionales de la France, le sol disparaîtrait sous de magnifiques forêts, encombrées de graminées arborescentes et d’arbres chargés de plantes parasites. Le puma et le jaguar parcourraient les Pyrénées. Sous la latitude du mont Blanc, mais sur une île située aussi loin à l’ouest que l’est le centre de l’Amérique septentrionale, les fougères arborescentes et les orchidées parasites pousseraient au milieu des fourrés les plus épais. Aussi loin au nord que le Danemark central, les oiseaux-mouches voltigeraient au milieu de fleurs délicates et les perroquets habiteraient des bois toujours verts ; dans les mers environnantes on trouverait une Volute et tous les coquillages atteindraient une grosseur considérable. Néanmoins, sur quelques îles situées à 350 milles (560 kilomètres) seulement de notre nouveau cap Horn situé en Danemark, un cadavre enfoui dans le sol, ou entraîné dans une partie peu profonde de la mer et recouvert de boue, se conserverait gelé indéfiniment. Si quelque hardi navigateur essayait de pénétrer au nord de ces îles, il courrait mille dangers au milieu de gigantesques montagnes de glace et verrait, sur quelques-unes d’entre elles, d’énormes blocs de rochers entraînés loin de leur site originel. Une autre île fort considérable sous la latitude de l’Écosse méridionale, mais deux fois aussi loin à l’ouest, serait presque entièrement « recouverte de neiges éternelles ; » chacune des baies pénétrant dans cette île se terminerait par des glaciers d’où de grosses masses se détacheraient chaque année ; cette île ne produirait qu’un peu de mousse, de l’herbe et de la pimprenelle ; pour tout habitant terrestre elle ne posséderait qu’une alouette. De notre nouveau cap Horn, en Danemark, partirait, en s’étendant