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CHAPITRE XIII


Chiloé. — Aspect général. — Excursion en bateau. — Indigènes. — Castro. — Renard domestique. — Ascension du San-Pedro. — Archipel des Chonos. — Péninsule de Tres Montes. — Chaîne granitique. — Matelots naufragés. — Port de Low. — Pomme de terre sauvage. — Formation de la tourbe — Myopotamus, loutre et souris. — Le cheucau et l’oiseau aboyeur. — Opétiorhynchus. — Caractère singulier de l’ornithologie. — Pétrels.

Chiloé et les îles Chonos.


10 novembre 1834. — Le Beagle quitte Valparaiso et se dirige vers le sud pour relever les côtes de la partie méridionale du Chili, celles de l’île de Chiloé et visiter ces îles nombreuses connues sous le nom d’archipel Chonos, en poussant jusque vers la péninsule de Tres Montes. Le 21, nous jetons l’ancre dans la baie de San Carlos, capitale de Chiloé.

Cette île a environ 90 milles (140 kilomètres) de longueur sur une largeur d’un peu moins de 30 milles (48 kilomètres). Elle est entrecoupée de collines, mais non pas de montagnes, et recouverte absolument d’une immense forêt, excepté là où on a défriché quelques champs autour de huttes couvertes en chaume. À une certaine distance, on croirait revoir la Terre de Feu, mais, vus de plus près, les bois sont incomparablement plus beaux. Un grand nombre d’arbres toujours verts, des plantes au caractère tropical, remplacent ici les sombres et tristes hêtres des côtes méridionales. En hiver le climat est détestable ; il ne fait pas, d’ailleurs, beaucoup plus beau en été. Je crois qu’il y a, dans les régions tempérées, peu de parties du monde où il tombe autant de pluie. Le vent y souffle toujours en tempête, le ciel est toujours couvert ; une semaine entière de beau temps est presque un miracle. Il est même difficile d’apercevoir la Cordillère ; pendant tout le temps qu’a duré notre premier séjour, nous n’avons aperçu qu’une seule fois le volcan d’Osorno et c’était avant le lever du soleil ; à mesure que le soleil s’élevait, la montagne disparaissait graduellement dans les profon-