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LE PORTILLO.

comme celui du Portillo. Ceci nous amène à conclure que les chaînes du Peuquenes et du Portillo étaient en partie soulevées et exposées aux influences des intempéries au moment de la formation de ce conglomérat ; mais, comme les couches du conglomérat ont été relevées à un angle de 45 degrés par le granit rouge du Portillo et qu’au-dessous se trouve le grès transformé en quartz par la chaleur, nous pouvons affirmer que la plus grande partie de l’injection et du soulèvement de la chaîne déjà partiellement formée du Portillo, s’est produite après l’accumulation du conglomérat et longtemps après le soulèvement de la chaîne du Peuquenes. De telle façon que le Portillo, la chaîne la plus élevée de cette partie de la Cordillère, n’est pas aussi ancien que le Peuquenes, moins élevé que lui. Une couche de lave inclinée à la base orientale du Portillo pourrait servir à prouver, en outre, que cette dernière chaîne doit en partie sa grande hauteur à des soulèvements d’une date plus récente encore. Si on examine son origine, il semble que le granit rouge ait été injecté sur une couche préexistante de granit blanc et de micaschiste. On peut conclure que dans la plupart, sinon même dans toutes les parties de la Cordillère, chaque chaîne a été formée par des soulèvements et des injections réitérées et que les différentes chaînes parallèles ont des âges différents. C’est d’ailleurs seulement ainsi que nous pouvons nous expliquer le temps qu’il a fallu pour causer la dénudation vraiment étonnante de ces immenses chaînes de montagnes, si récentes cependant comparativement à tant d’autres.

Enfin, les coquillages que l’on trouve sur la chaîne du Peuquenes, ou chaîne la plus ancienne, prouvent, comme je l’ai déjà fait remarquer, qu’elle a été soulevée à une altitude de 14 000 pieds (4 200 mètres) depuis une période secondaire que nous considérons comme peu ancienne en Europe. Mais, d’autre part, puisque ces coquillages ont vécu dans une mer modérément profonde, on pourrait prouver que la superficie actuellement occupée par la Cordillère a dû s’affaisser de plusieurs milliers de pieds — dans le Chili septentrional de 6 000 pieds (1 800 mètres) au moins — pour permettre à cette épaisseur de couches sous-marines de se former au-dessus de la couche sur laquelle vivaient ces coquillages. Je n’aurais qu’à répéter les raisons que j’ai déjà données pour prouver que, à une période beaucoup plus récente, depuis l’époque des coquillages tertiaires de la Patagonie, il a dû y avoir dans cette région un affaissement de plusieurs centaines de pieds, puis un