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HYDROPHOBIE.

coup de chiens avaient été atteints d’hydrophobie, plusieurs personnes avaient été mordues et avaient succombé à cette affreuse maladie. Ce n’est pas la première fois que l’hydrophobie se déclare dans cette vallée. Il est fort surprenant qu’une maladie aussi étrange et aussi terrible paraisse à intervalles dans un même lieu isolé. On a remarqué aussi que certains villages en Angleterre sont plus sujets que d’autres à des épidémies de ce genre, si l’on peut employer cette expression. Le docteur Unanùe constate que l’hydrophobie parut pour la première fois en 1803 dans l’Amérique méridionale ; ni Azara, ni Ulloa n’en ont entendu parler à l’époque de leur voyage, ce qui confirme cette assertion. Le docteur Unanùe ajoute que l’hydrophobie se déclara dans l’Amérique centrale et étendit lentement ses ravages vers le sud. Cette maladie atteignit Arequipa en 1807 ; on dit que, dans cette ville, quelques hommes qui n’avaient pas été mordus ressentirent les atteintes du mal ; des nègres, qui avaient mangé un bœuf mort d’hydrophobie, en furent aussi atteints. À Ica, quarante-deux personnes périrent misérablement. La maladie se déclarait de douze à quatre-vingt-dix jours après la morsure et la mort venait invariablement dans les cinq jours qui suivaient les premières attaques. Après 1808, il se passa un long intervalle pendant lequel on ne signala aucun cas de cette maladie. D’après les renseignements que j’ai pris, l’hydrophobie est inconnue à la Terre de Van-Diémen et en Australie ; Burchell n’a jamais entendu parler de cette maladie au cap de Bonne-Espérance pendant les cinq années qu’il y a résidé. Webster affirme qu’aucun cas d’hydrophobie ne s’est jamais produit aux Açores ; on a fait la même assertion pour l’île Maurice et pour Sainte-Hélène[1]. On pourrait peut-être se procurer quantité de renseignements utiles sur une maladie si étrange en étudiant dans quelles circonstances elle se déclare dans les pays éloignés ; il est fort improbable, en effet, qu’elle soit apportée par un chien mordu avant le voyage, nécessairement fort long.

Dans la soirée, un étranger arrive à l’habitation de don Benito ; il demande l’hospitalité pour la nuit. Il s’est égaré, et, depuis dix-sept jours, il erre dans les montagnes. Il vient de Guasco ; accou-

  1. Observat. sobre el clima de Lima, p. 97. — Azara, Travels, vol. I, p 381. — Ulloa, Voyages, vol. II, p. 28. — Burchell, Travels, vol. II, p. 524. — Webster, Description of the Azores, p. 124. — Voyage à l’isle de France, par un officier du roi, t. I, p. 248. — Description of St Helena, p. 123.