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M. Darzens rend admirablement tout ce qu’il y a d’élevé dans cette scène unique.

Le poète a introduit, dans son œuvre, des personnages accessoires : Judas l’Iscariote accompagnant Jésus, et la femme horrible placée à côté de la Magdeleine. Ces deux têtes, pleines de laideur, ne font que mieux ressortir la beauté morale de l’amante et du Christ.

Mais ce qui me plaît, par-dessus tout, dans ces pages, c’est la teinte dont le poète a su envelopper tous les êtres, et la façon dont il a saisi l’heure où les faits s’accomplissent. Heure triste, puisque la mort est si proche et que ses ombres apparaissent déjà autour de Jésus. Le visage du Galiléen se doit, dans quelques jours, voiler pour la Magdeleine en larmes. C’est la première et la dernière fois qu’elle touche les pieds adorés. Voilà ce que l’on aperçoit dans l’Amante du Christ, et ce qu’il était absolument nécessaire d’y mettre. Il fallait que cette première rencontre eût quelque chose de la mélancolie d’un adieu.