Page:Dash - Un amour coupable.djvu/162

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une passion complète, pour un homme qui ne la partagerait jamais, qui la mépriserait, qui se ferait d’elle un jouet et un instrument, ainsi qu’il venait de le lui dire avec une franche barbarie. Elle était en effet digne de pitié : elle entreprenait une tâche où ses forces succomberaient et contre laquelle il n’y avait ni remède ni espérance. Elle s’était relevée elle-même, puisqu’il ne la relevait pas, et posant sa tête sur l’épaule d’Armand, elle pleura, elle pleura avec une amertume et une désolation véritables : elle avait du cœur alors ! elle, la cruelle, la méchante, la vindicative. Elle se sentit bonne et secourable ; le véritable amour est ainsi : il change la nature.

Armand en eut pitié ; il songea à ce qu’il souffrait lui-même et il comprit ses souffrances.

— Pauvre Fiorina ! répétait-il.

— Ah ! oui, bien à plaindre, bien à plaindre, mon Armand, puisque vous ne faites que me plaindre et que vous ne me consolez pas !




X


Cet amour, né d’un regard arrivé tout à coup dans cette âme gangrenée, la dominait et devait la dominer toujours. C’était un géant venu spontanément et sans